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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/676

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la raison et l’explication, enfin, de la supériorité des outils, des machines, des procédés, qui facilitent la besogne du laboureur et accroissent la productivité de son travail.

La « théorie » ainsi comprise est tout simplement une pratique éclairée, et c’est bien là, en effet, la définition de la véritable « théorie, » de celle qui ne se confond pas avec une jonchée d’hypothèses sans valeur, de doctrines sans fondement, et d’abstractions sans applications possibles.

L’enseignement supérieur digne de ce nom n’est pas seulement l’indication d’une pratique, celle de tel ou tel praticien, mais le résumé méthodique de toutes les pratiques observées dans une région, dans un pays, ou dans le monde. Le professeur n’invente pas et ne rêve pas. Il remplace tous les hommes intelligens, et instruits dans leur art, qui pourraient venir successivement enseigner dans la chaire, et exposer les méthodes dont l’application a été sanctionnée par des expériences heureuses et décisives. Le professeur fait plus. Non seulement il expose les pratiques adoptées avec succès, mais encore il explique leurs rapports avec les conditions agricoles ou économiques du milieu dans lequel elles ont triomphé. Il montre, et il démontre en s’appuyant sur des faits, que les méthodes culturales varient avec les circonstances, évoluent avec les conditions de tous ordres qui les rendaient utiles hier, mais qui les rendront stériles demain parce qu’elles seront devenues surannées. Il conclut en affirmant justement que ces méthodes sont des rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses : rapports entre la plante et la terre capable de la porter, rapports entre la matière fertilisante, le sol qu’elle complète, ou la récolte qui la réclame pour assurer un profit, rapports entre les productions et les besoins qui ouvrent des débouchés...

Voilà ce que le professeur enseigne, et nul ne peut dire sans injustice que cet enseignement n’est pas pratique. La « Pratique » qu’il révèle a même une portée générale ; les faits sur lesquels on l’appuie sont des vérités ; les conclusions que l’on en tire et les applications qui en découlent sont utiles. D’un pareil enseignement il ne peut sortir que de la lumière.

Quant à la pratique manuelle, dans toutes les exploitations conduites à l’aide d’agens salariés, celle qui a pour objet l’exécution même des opérations techniques appartient à ces agens dans leurs diverses spécialités, et il n’est pas du tout nécessaire