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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/777

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Paris, en 1855, l’enquête déjà commencée à Londres en 1851. La préparation en avait été rapide, mais prudente et intelligente. Construit à la hâte, sans prétentions et sans luxe, non loin du centre, aux Champs-Elysées, le Palais de l’Industrie put faire honneur à ses modestes architectes. Après avoir servi aux expositions de tout genre, durant vingt-cinq ans, il était encore assez solide, en 1889, pour vivre et servir longtemps. La somptuosité emphatique des édifices gigantesques, dont la destruction a coûté presque autant que la construction, qui l’ont successivement remplacé, n’a pu faire oublier le plan simple et clair de l’honnête bâtisse, ses entrées et sorties faciles, son éclairage égal et abondant, son adaptation aisée aux fonctions les plus diverses. Quels conseils utiles nos artistes et industriels y reçurent, cette année-là, par leur contact avec leurs confrères étrangers, non seulement ceux d’Europe, Anglais, Allemands, mais aussi ceux d’Orient, Hindous, Chinois, Japonais ! Pour les tapissiers, orfèvres, bronziers, ébénistes, céramistes, etc., la leçon fut assez rude, mais elle fut aussitôt comprise. Dès lors, durant quelques années, on vit, non seulement à Paris, mais dans les grandes villes de province, se succéder, à intervalles rapides, les expositions d’art rétrospectif et régional, et les tentatives de préparation pour un meilleur avenir par l’organisation d’ateliers d’apprentissage, d’écoles de dessin populaires, de conférences techniques, d’expositions des produits nouveaux. Ce fut même, quelque temps, à l’exemple de l’Angleterre, un mouvement admirable dû à l’initiative privée.

En 1859, est fondée à Paris, par Charles Blanc, la Gazette des Beaux-Arts et de la Curiosité, qui devint vite et qui resta longtemps le modèle des publications d’art, alors que les catalogues du Louvre par Villot, Léon de Laborde, de Longpérier, Barbet de Jouy, Darcel, etc., devenaient les modèles des travaux du même genre. Autour de Charles Blanc, très enthousiaste, très éclectique, se pressait toute la phalange des artistes, archéologues, critiques de tous les partis, de toutes les écoles. A côté de Vitet, Mérimée, Lenormant, Léon de Laborde, Henri Delaborde, ViolIet-le-Duc, bataillaient pour la bonne cause Paul Mantz, Darcel, A. Jacquemart, Burty, etc. Les questions d’art décoratif et industriel, d’art moderne et étranger, d’art rétrospectif et d’art national s’y partagent l’activité des écrivains