Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/820

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de formuler, le 9 mars, publiquement, à la barre des Communes, des offres d’où sortira peut-être la solution pacifique d’une querelle séculaire.

George V aura été l’un des négociateurs d’une transaction qui, en sauvegardant la paix et en cimentant l’union, prouvera la solidité du jugement et la vigilance du patriotisme britanniques. Cet honneur suffira pour le venger de l’article du 4 mars dernier, où le Daily News, confirmant les bruits d’une intervention monarchique, rappelait au souverain, après lui avoir cité les exemples de George III et de Guillaume IV, que le « jour où un monarque parle de congédier ses ministres est un jour regrettable pour le pays et dangereux pour la couronne. »

Ces menaces sont bien inutiles. George V ne songe guère à sortir des limites étroites, où se meut son activité politique. Il sait trop que la neutralité constitutionnelle est à la fois un devoir et une garantie, doublement respectable aux regards d’un puritain scrupuleux. Ni en 1910, ni en 1913, il n’a innové. Il continue une tradition : il applique une méthode, dont soixante-quinze ans d’histoire ont démontré la valeur.


Un mystère plus profond enveloppe l’action du nouveau Roi au dehors. Sans doute les rapports de l’Angleterre avec le continent sont une des préoccupations de son esprit, mais il se défie de ce que son éducation diplomatique a encore d’incomplet, et, fidèle aux leçons de son père, il a une confiance aussi grande que légitime dans sir Edward Grey, ce gentilhomme whig qui sait, avec un art incomparable, concilier l’idéalisme des libéraux et le réalisme des conservateurs, le respect des impatiences radicales et le maintien des traditions diplomatiques, le culte de la paix européenne et la grandeur de la nation britannique. Il est un point, toutefois, sur lequel le sentiment personnel du Roi, d’accord avec celui de son gouvernement, est bien connu ; son voyage à Paris, accompagné de la Reine, en est le témoignage éclatant : c’est la nécessité de maintenir l’entente cordiale avec la France, qu’il considère comme une partie intégrante de l’héritage paternel. Pour le reste, George V se tient dans la réserve, dont il ne sort guère que pour discuter une promotion diplomatique : obtenir, par