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à faire sans doute que d’épurer leur langage et chacun sait ce que parler veut dire.

Donc la constante solaire, — puisqu’il faut l’appeler par son nom, — se trouve, d’après les plus récentes expériences, celle notamment de l’Observatoire américain de la Smithsonian Institution, très voisine de 2 petites calories. Cela veut dire que le rayonnement solaire suffirait à élever de 2 degrés eu 1 minute ou de 0° à 100° en 50 minutes une couche uniforme d’eau d’un centimètre d’épaisseur et qui, comme une immense coupole, entourerait le Soleil à la distance qui sépare de lui la Terre. De cette donnée on s’est proposé de déduire la température du Soleil, ou plutôt de la couche photosphérique rayonnante. Pour cela il suffisait de savoir quelle est la loi qui lie la température d’une source à l’énergie thermique qu’elle émet. Nous avons exposé naguère[1] comment on a pu y parvenir grâce surtout aux travaux de mon maître M. Violle et du physicien autrichien Stefan. Nous n’y reviendrons donc pas. Qu’on sache seulement que cette méthode a conduit à une valeur voisine de 6 000 degrés. On est arrivé à des nombres du même ordre de grandeur par des méthodes fort différentes et notamment en étudiant à l’aide du pyromètre stellaire que j’ai décrit naguère[2] le rapport des intensités des diverses régions du spectre visible du Soleil.

La température effective du Soleil est donc voisine de 6 000°. Comme les diverses couches du Soleil sont certainement à des températures très différentes les unes des autres (les couches extérieures étant plus froides que les couches internes), la conclusion précédente signifie ceci : le rayonnement que nous recevons du Soleil est quantitativement et qualitativement à peu près identique à celui que nous enverrait un astre homogène de mêmes dimensions que le Soleil, situé à la même distance et dont toutes les parties auraient un pouvoir émissif égal à l’unité (comme c’est à peu près le cas pour le noir de fumée, par exemple), et une température d’environ 6 000°. Comme on le voit, la notion de température du Soleil est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit communément. Il n’en saurait guère être autrement lorsqu’on songe à tout ce que représente de données multiples, variées, la notion météorologique de température moyenne de la surface de la Terre.

Avant qu’on ne connût les lois physiques du rayonnement, on avait sur la température solaire les idées les plus fantaisistes. Herschel et

  1. Revue des Deux Mondes, 1er juin 1910.
  2. Loc. cit.