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L’impôt sur la fortune, dit impôt complémentaire, est appliqué depuis 1895 ; il a un double objet : d’une part, on se proposait de compléter l’impôt sur le revenu qui frappe, sans discrimination, les revenus perpétuels ou spontanés et les revenus passagers provenant de l’activité personnelle ; d’autre part et surtout, la Prusse ayant toujours repoussé toute taxe sur les successions en ligne directe, on voulait établir un impôt, sur les vivans, qui, avec un tarif modéré, en tînt lieu. Cet impôt sur la fortune a un point de départ très bas ; il frappe toutes les fortunes au-dessus de 6 000 marks (7 500 francs), en exemptant, toutefois, celles ne dépassant pas 20 000 marks dans le cas où l’ensemble du revenu de leurs possesseurs n’excéderait pas 900 marks (1 125 francs) ; il y a d’autres déductions. L’impôt est, en principe, de 0, 50 pour 1 000, soit, en supposant que la fortune produise 4 pour 100 de revenu, une taxe de 1 un quart pour 100 de ce revenu. En somme, les contribuables les plus taxés à l’impôt sur le revenu et à l’impôt sur la fortune, paient 4 pour 100 pour le premier, 1 1/4 pour 100 pour le second, soit ensemble 5 1/4 pour 100. Si l’on réfléchit que le total des droits sur les titres au porteur en France s’élève maintenant, suivant les cours des titres, à 13 ou 13, 75 pour 100 du revenu et que les contribuables prussiens ignorent cette taxation, on voit combien les contribuables français sont plus imposés. Le nombre des contribuables à l’impôt sur la fortune ou complémentaire était, en 1911-12, de 1 767 034, et le produit de la taxe de 63 millions de marks ou 78 millions de francs. Ce sont là des rendemens modiques, comparés aux formidables rendemens de nos droits d’enregistrement et de timbre dont la plupart sont ignorés en Prusse.

On parle aussi beaucoup, en France, dans les cercles politiciens avancés, de l’impôt prussien sur la plus-value. C’est là une réorganisation effectuée en 1909 de vieilles taxes communales, qui existaient dans les villes prussiennes lors des transmissions d’immeubles. Au lieu de percevoir la taxe de mutation, comme chez nous, sur la valeur même de l’immeuble, on la percevait sur la plus-value ressortant par rapport à la transmission précédente, c’était un adoucissement. La réorganisation faite de ces vieilles taxes devait procurer au trésor prussien, d’après les évaluations, une recette de 45 millions de marks ou de 56 millions de francs. Notre impôt français sur les mutations