Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/628

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES
ET
LA NOUVELLE CHAMBRE

Les résultats des élections générales qui se succèdent tous les quatre ans déconcertent presque toujours l’opinion publique. Comment se fait-il que, après chaque consultation du suffrage universel, il soit si difficile d’en comprendre l’exacte signification ? Pourquoi, malgré les fautes commises par le parti au pouvoir, la Chambre nouvelle ressemble-t-elle par bien des côtés à sa devancière et semble-t-elle encore plus divisée ? Les élections du 24 avril et du 10 mai derniers ne sont pas plus claires, quoi qu’on en dise, que celles de 1910, de 1906 et bien d’autres. Le pays ne peut pas manifester nettement sa volonté sous le régime du scrutin d’arrondissement, qui le condamne à choisir entre des candidats dont les déclarations sont assez vagues, au lieu de se prononcer sur des programmes définis. D’autre part, le succès de ces candidats dépend moins du nombre de leurs partisans que de l’habileté des manœuvres et des coalitions dont ils profitent. Enfin, il faut bien le reconnaître, l’éducation de notre démocratie est à peine commencée ; elle n’a pas et ne peut pas avoir de convictions réfléchies sur la plupart des problèmes si graves qui se posent ; elle se laisse aisément entraîner par des appels à ses passions, par des considérations d’intérêt personnel ou de clocher, par les promesses qu’on lui prodigue et par la propagande de fonctionnaires qui jettent dans la balance des partis tout le poids de leur influence.