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il organise, avec la connivence des Anglais de Hong-Kong, plusieurs soulèvemens qui échouent ; mais son apostolat, soutenu par les subsides des riches Chinois qui vivent hors de Chine, recrute de nombreux adeptes. Il publie en 1904 une brochure : l’Abrégé de la Révolution, où il résume l’essentiel de son programme : fin du régime mandchou, constitution démocratique et républicaine, égalité, socialisme agraire selon les doctrines de M. Henry George. Dans son discours de Tokio du 16 janvier 1907, qui eut tant de retentissement, il développe le même programme. Les sept cents journaux qui paraissent en Chine répandent les principes réformateurs jusqu’au fond des provinces. Peu à peu, sans bruit, sans que les étrangers, qui ne lisent pas les caractères, puissent en soupçonner le sourd cheminement, les idées nouvelles sapent les fondemens séculaires de la monarchie. Soit par conviction, soit par ambition, plusieurs grands personnages préconisent des réformes. Le vice-roi Tchang-Tche-Tong est le réformateur modéré, tandis que Yuan-Chekai passe pour plus radical : rivalité d’ambitieux plutôt qu’opinions raisonnées. La lutte pour la conquête du premier rang est la seule préoccupation de ces mandarins ; la constitution, les réformes ne sont pour eux que des moyens : c’est la différence capitale par où Yuan, Tchang et leurs émules se distinguent de Sun-Yat-Sen, de Hoang-Hing et de leurs amis.

En 1906, l’influence de Yuan-Chekai l’emporte ; il devient ministre des Affaires*étrangères le 4 août ; le parti des réformes prend le dessus ; des décrets sont promulgués qui tendent à rabaisser le prestige des Mandchous en les soumettant aux mêmes lois que les Chinois ; le fameux édit interdisant l’usage et la culture de l’opium est publié. Des projets de constitution sont étudiés. Sous la pression d’émeutes qui éclatent sur divers points de l’empire comme les prodromes menaçans d’un mouvement général, le gouvernement promet une constitution ; des assemblées provinciales consultatives sont créées (19 octobre 1907), c’est le premier essai de régime électif et représentatif. Les membres de la future assemblée d’Empire seront choisis parmi ceux des assemblées provinciales. L’influence de Yuan-Chekai fait décider la création à Pékin d’une école où les jeunes gens de grande famille viendront étudier le fonctionnement du régime parlementaire (22 juillet 1908). Enfin un décret du 27 août fixe les principes constitutionnels : la constitution