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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/962

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son ministère le mettra en mesure de le faire. Qu’il le fasse donc. En attendant, M. Ribot a obtenu le concours de M. Léon Bourgeois auquel il a confié les Affaires étrangères, de M. Delcassé au ministère de la Guerre, de M. Jean Dupuy, qui va aux Travaux publics et de M. Clémentel, qui assume la lourde responsabilité des Finances.

M. Ribot, au ministère de la Justice qui est peu chargé, aura le temps de s’occuper de la politique générale. En somme, ce ministère est, dans les circonstances, actuelles, le meilleur qu’on pût espérer : il est composé de manière à faire bonne figure devant les Chambres et devant le pays.

Nous l’attendons à l’œuvre et l’œuvre sera difficile. Il doit compter en effet avec la malveillance et la rancune des radicaux-socialistes. Faut-il dire de tous ? Non, peut-être. M. Ribot aurait grand tort d’essayer de désarmer cette malveillance par des concessions dont on ne lui saurait aucun gré d’un côté, et qui l’affaibliraient de l’autre ; mais n’y a-t-il pas, même parmi les radicaux-socialistes, des hommes plus raisonnables que les autres, qui ont moins de prétentions personnelles et plus de patriotisme, et qui, eux aussi, attendront le nouveau ministère à l’œuvre, avant de prendre parti. Beaucoup d’entre eux ont dit aux électeurs que, puisque la loi de trois ans était votée, il fallait l’appliquer. Beaucoup sont préoccupés de l’état de nos finances, sentent la nécessité d’un emprunt immédiat et désirent qu’il réussisse. Beaucoup estiment, comme M. Viviani, que, même dans la politique intérieure, il faut tenir compte de la situation extérieure et, tout en maintenant avec dignité notre liberté et notre indépendance, reconnaître la solidarité qui existe entre nous et nos amis du dehors. A tous ces intérêts, qui sont aujourd’hui les premiers de tous, le nouveau ministère apporte une garantie. Nous voulons croire, jusqu’à preuve du contraire, qu’il y a des radicaux qui le comprennent. En tout cas, les questions sont nettement posées et les positions doivent être prises non moins nettement devant le pays. C’est à lui de juger.

Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
Francis Charmes.