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à l’Association des coopératives de Londres. En 1868, Holyoake fonde avec Greening le premier journal coopératif, le Social Economist, qui fera place peu après aux Cooperative News. L’année suivante, il organise, avec l’aide du même collaborateur, le premier congrès annuel de la coopération, qui se tient à Londres, en présence du Comte de Paris, sous la présidence de Th. Hughes, et dont Holyoake rédige le compte rendu. C’est à ce congrès de 1869 que la coopération anglaise prend conscience de sa force, compte ses amis et ses adversaires, précise ses idées, ses besoins, son organisation. C’est là que se crée le Central Board ou bureau central, où Holyoake prend place avec ses amis les socialistes chrétiens, et qui se transformera, en 1873, en Cooperative Union, avec cette fonction d’assurer l’unité et la direction du mouvement. C’est là enfin que se précise le but des deux ((sociétés de gros, » des Wholesales d’Ecosse et d’Angleterre, qui s’étaient fondées en 1864 et en 1868 pour fabriquer ou acheter en gros les denrées à livrer aux sociétés locales : c’est la coopération à la seconde puissance qui vient couronner l’œuvre de la coopération primaire. Dès lors, la coopération anglaise a conquis le droit de cité, elle vit de sa vie propre, et son développement ne fera plus que suivre le cours normal des choses.


IV

Les difficultés, pourtant, ne lui manquèrent pas, même en son plein épanouissement. Ce ne furent pas de celles que suscite, comme on le voit en d’autres pays, l’intrusion de la politique ou de la religion. Il n’y a pas en Grande-Bretagne, comme il y a ailleurs, une coopération socialiste et une coopération confessionnelle, il n’y a qu’une coopération, ouverte à tous, où les divisions politiques ne pénètrent pas, et qui, bien qu’imprégnée de l’esprit religieux, ne l’est que dans la mesure où ce sentiment pénètre toute la vie sociale du peuple anglais, et sans que jamais, depuis les premières rivalités entre Holyoake et les socialistes chrétiens, il ait provoqué de dissensions ou d’abus. Les difficultés rencontrées par la coopération vis-à-vis du commerce local, des détaillans, n’ont pas été pires qu’ailleurs en Angleterre. Ses rapports avec les Trades Unions, les grands syndicats ouvriers, sont restés froids, mais corrects. D’où lui sont