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V

Malgré ses débuts modestes et ses difficultés intérieures, la coopération de consommation est actuellement parvenue en Angleterre à un remarquable degré de développement, à une situation exceptionnelle de puissance et de vitalité. En 1862, la Grande-Bretagne ne comptait encore que 331 sociétés coopératives de consommation ; il y en a aujourd’hui près de 1 500. En 1862, les coopérateurs britanniques n’étaient que 89 000 ; il y en a aujourd’hui 2 615 321, ce qui équivaut au quart de la population, chaque membre inscrit représentant une famille. Si le nombre des sociétés reste stationnaire depuis une quinzaine d’années, celui de leurs membres ne cesse d’augmenter très rapidement : il s’accroit d’environ 100 000 par an. Dans bien des villes, on trouve presque autant de sociétaires que de familles ; on quelques endroits, par exemple à Plymouth et à Dunfermline, il y en a même davantage, ce qui s’explique par le fait que, là comme ailleurs, les sociétés ont créé des succursales dans les villages avoisinans et ajouté une clientèle rurale à leur clientèle urbaine. Le capital-actions des sociétés s’élève à 33 888 721 livres sterling ; le chiffre des ventes annuelles atteint la somme énorme de 111 239 503 livres sterling sur laquelle le profit net ou surplus se monte à 11 247 303 livres, sterling, soit 10 pour 100 environ. Les très grandes villes sont moins avancées, au point de vue de l’effort coopératif, que les villes moyennes ou les petites villes ; c’est un fait curieux que la coopération, au sens propre du mot, n’a jamais pu s’implanter avec succès à Londres, et cela se comprend, si l’on réfléchit que pour réussir elle a besoin d’une population stable, qui ne soit ni trop riche, car les riches se passent d’elle, ni trop pauvre, car les très pauvres n’en sauraient tirer bénéfice.

Les statuts des sociétés restent modelés sur ceux de Rochdale. Chaque sociétaire doit posséder cinq actions de 1 livre sterling, il peut en avoir davantage, dans la limite d’un maximum qui varie de 100 à 200 ; l’intérêt fixe payé sur les actions est de 4 ou 5 pour 100. Tout nouvel inscrit paie un droit d’entrée de 1 shilling, et voit ses bonis retenus jusqu’à libération de ses actions, s’il ne préfère opérer cette libération par versemens hebdomadaires. L’assemblée générale, où sont admis,