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de là que part l’action principale. À Rome on se contente de profiter habilement des fautes qui sont commises ailleurs et qu’on semble attendre.


Chez nous, le ministère Viviani s’installe. Nous lui avons souhaité de durer, parce que nous avons peu de chance d’avoir mieux, ou moins mal, en ce moment ; personne ne l’attaque encore et il pourrait profiter de cette accalmie pour laisser à son tour les gens tranquilles, mais il aime mieux donner des gages à ses amis et même à ses ennemis de l’extrême gauche en ranimant la persécution religieuse qui s’était ralentie depuis quelque temps. Il existe encore un certain nombre de congrégations qui ont été plus ou moins volontairement oubliées. Elles pouvaient croire qu’on continuerait de les épargner. Mais M. Viviani veillait. Il a refusé aux socialistes unifiés et à une fraction considérable des radicaux de leur sacrifier la défense nationale ; nous l’avons hautement félicité d’avoir défendu la loi de trois ans et d’avoir annoncé que, s’il était encore ministre l’année prochaine, il ne libérerait pas la classe qui finirait alors sa seconde année de service. On ne pouvait pas mieux parler. Malheureusement, ce sont des hardiesses qu’il faut se faire pardonner, quand on est soi-même radical-socialiste, et ce que de tout temps on a trouvé de mieux pour cela est d’apporter au parti la tête de quelques congréganistes. Nous parlons, bien entendu, au figuré, car M. Viviani n’est pas méchant homme, il est seulement un homme faible, naturellement enclin à obéir aux injonctions des meneurs de son parti et toujours prêt à leur donner les holocaustes qu’ils exigent. La persécution religieuse, cette petite et basse monnaie de la politique radicale, produit généralement son effet : le parti s’en contente pour quelque temps, et le ministère a un peu de répit. Nous nous demandons ce qui arrivera lorsque cette monnaie sera complètement épuisée. Il est si facile et si commode de fermer des écoles et de vider des couvens ! Mais, à force de recommencer, il ne restera bientôt plus rien à faire dans cet ordre de choses, à moins qu’on ne porte directement atteinte à la liberté de l’enseignement, et peut-être à quelques autres. M. Viviani ne le fera peut-être pas lui-même, mais il aura préparé la voie à ceux qui le feront.

Nous voudrions du moins être sûr qu’il n’en sera pas de même pour la loi militaire. Les déclarations de M. Viviani ont été excellentes, et nous sommes convaincu qu’il ne manquera pas personnellement aux promesses qu’il a faites, mais la durée d’un gouvernement est