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trouvé-je bientôt assez à l’aise pour lui poser une question qui me cause depuis la veille une grande perplexité. Dois-je, ou non, mettre, pour la cérémonie, l’uniforme de l’Institut ? Consulté par moi, notre ambassadeur, avec sa vieille connaissance des usages anglais, avait dit oui, mais le chancelier de l’Université d’Edinbourg, consulté également, m’avait dit non. D’où grande hésitation de ma part. C’est notre ambassadeur qui avait raison. Mon guide me dit qu’il n’y a pas le moindre doute, que tout le monde sera en uniforme, et qu’une redingote où un habit noir ferait tache sur l’estrade où je serai placé. Je me laisse convaincre et, après quelques minutes passées à l’hôtel pour me mettre en tenue, je suis conduit par lui à la cérémonie.

Cette cérémonie doit avoir lieu dans le Muséum de l’Université. Le Muséum est un bâtiment nouveau qui date de 1860. C’est une vaste construction en brique et fer. De hautes colonnes supportent un toit en verre. Autour du chapiteau de chaque colonne s’enroulent des feuillages, en fer travaillé, de différens dessins. Leur base s’appuie sur des formations géologiques de différens âges. C’est de l’architecture scientifique combinée avec des réminiscences historiques, et je partage l’opinion que je trouve exprimée dans un petit guide dont j’ai fait l’emplette : Que « l’effort tenté pour combiner un palais vénitien avec un Crystal palace n’a pas été très heureux. » Ce musée étant principalement destiné à l’instruction des étudians, il est encombré de vitrines ou d’ossemens ; la première chose qui s’offre aux yeux quand on entre est le squelette, monté sur une armature en fer, d’un immense animal antédiluvien.

Les préparatifs de la cérémonie sont fort simples : une estrade disposée autour du piédestal de la statue, trois fauteuils sur l’estrade, par-devant, quelques rangées de chaises. Toute l’assistance est déjà réunie. Il n’y a guère plus d’une centaine de personnes ; quelques professeurs en robe, quelques dames, quelques curieux, et c’est tout. Je suis un peu déçu. Je m’attendais à une cérémonie beaucoup plus solennelle qui se passerait dans quelque vieux bâtiment et dans un grand amphithéâtre devant tous les professeurs et tous les étudians en robe. Rien de tout cela. Le corps universitaire, pris dans son ensemble, parait s’être désintéressé de cette fête. Ce qui me frappe le plus dans l’assistance, c’est la présence de trois Franciscains, en robe brune, une ceinture de corde autour des reins, les pieds nus.