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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/547

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un salon où elles peuvent se réunir pour écrire leurs lettres et prendre le thé.

Voilà pour le côté matériel ; il est facile, comme je l’ai fait, de trouver ces renseignemens et d’autres beaucoup plus complets dans l’Oxford University Handbook ou dans le Calendar de l’Association pour favoriser l’enseignement des jeunes filles. Mais c’est du côté moral surtout que j’aurais voulu m’enquérir. Je n’ai pu le faire que bien incomplètement. On m’a dit cependant, et cela est bien naturel, que ces jeunes filles travaillaient toutes avec beaucoup d’ardeur, avec plus d’ardeur que les jeunes gens, et cela n’a rien d’étonnant, car ces trois cent quatre-vingts jeunes filles représentent une élite intellectuelle, tandis que, sur les trois mille jeunes gens environ immatriculés à l’Université, il y en a un assez grand nombre qui n’y viennent que parce que cela est de bon ton d’avoir passé par Oxford. Mais quel effet cette éducation intensive produit-elle sur ces jeunes cerveaux ? C’est cela qu’il aurait été intéressant de savoir : pour cela il aurait fallu causer avec la directrice de quelques-uns de ces collèges dont j’ai donné les noms. Elle m’aurait renseigné aussi sur leurs habitudes de vie, mais je n’avais pas besoin de ces témoignages pour me rendre compte que le sport y tenait une grande place. Sur les cinq heures, j’ai rencontré en effet nombre de jeunes filles avec une raquette de tennis à la main. J’ai su aussi qu’un certain nombre prenaient plaisir au boating, mais celles-là seulement y sont autorisées qui ont passé un examen prouvant qu’elles savent nager. Pour en apprendre plus long sur ce point, à mon sens particulièrement intéressant, de l’éducation des jeunes filles, car il est d’un intérêt universel, mondial, comme on dit aujourd’hui, il aurait fallu pousser mon enquête plus à fond. On comprendra que je n’en a le pas eu le temps, au cours d’une journée dont les premières heures avaient été consacrées au pèlerinage dont j’ai parlé. C’est encore par un pèlerinage que je l’ai terminée, car j’ai été visiter un couvent.

Tous ceux qui ont lu le beau livre de mon confrère et ami Thureau-Dangin sur la Renaissance catholique en Angleterre savent quelles ardentes disputes souleva entre Newman et Manning la question de la fréquentation par les jeunes catholiques des universités anglaises, en particulier de celle d’Oxford. Newman, ancien Oxonian, voulait les y envoyer. Manning voulait à toutes forces les en écarter. Ce fut Manning qui