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en a 275 d’Ajaccio à Philippeville. Il était donc évident, d’abord que B se porterait sur Philippeville, qu’il avait le temps de bombarder, ainsi que les transports qui pouvaient y être enfermés, avant l’arrivée de A ; ensuite que A n’aurait, a priori, aucun doute sur le choix exercé par son adversaire, mais que, ne pouvant espérer de s’opposer en temps utile à l’opération sur le port algérien (il aurait fallu qu’il pût faire donner 22 nœuds à l’heure a une escadre dont la bonne vitesse normale ne dépasse pas 17 nœuds), il se résoudrait à s’efforcer d’atteindre le parti B à la mer, lorsque celui-ci se dirigerait sur Bizerte pour continuer son œuvre de destruction, ou qu’il ferait route en plein canal de Sardaigne pour rejoindre la côte du fidèle allié méditerranéen.

Ces dispositions, adoptées, comme on pouvait s’y attendre, par l’officier général commandant le parti A, furent suivies d’un plein succès. Il y eut rencontre au large de Bizerte, le matin du 15, combat des cuirassés sur deux lignes de file parallèles, ainsi qu’il convient, et deux belles charges d’escadrilles de torpilleurs. Je reparlerai de cet incident, ainsi que de ceux qui marquèrent la marche du parti A et les opérations des éclaireurs des deux escadres.


C’est le deuxième thème qui se rapprochait le plus de ce qui se passerait en cas de conflit européen où les flottes italienne et autrichienne, bien résolues à opérer ensemble, — contre nous — seraient prêtes à marcher à peu près en même temps et s’efforceraient de faire leur jonction en dépit de l’intervention de notre armée navale.

Le parti A, augmenté des sous-marins offensifs et des torpilleurs de Bizerte qui avaient rejoint à Bône une des trois escadrilles de contre-torpilleurs, devait partir d’Alger le 18 à 11 heures du matin, pour s’opposer à la réunion des deux fractions du parti B, placées, l’une, B, à Bizerte, l’autre, B2, à Ajaccio. B, (cuirassés type Patrie, 2e division de croiseurs, Foudre avec ses avions et défenses fixes de Bizerte) ne pouvait quitter Bizerte que 30 heures après l’ouverture des hostilités, mais B2 (division cuirassée de complément, c’est-à-dire cuirassés anciens, plus le Jurien-de-La-Gravière, croiseur protégé, éclaireur d’escadre) devait appareiller d’Ajaccio 12 heures seulement après le moment initial des opérations. Ces dispositions n’étaient