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convenait-il pas que le parti A prît d’autres mesures, — il semble qu’on en pouvait imaginer, — pour être renseigné sur la marche du groupe B2 et se mettre en situation de le détruire avant sa jonction avec B1 — Je me borne à poser la question.

Cette jonction, en tout cas, ne fut pas empêchée. Le chef du parti B avait fixé, dans l’Ouest et à 110 ou 120 milles de Bizerte, un point de rendez-vous dont le choix semblait n’être pas seulement fondé sur les facultés respectives des pièces de l’échiquier et sur la connaissance parfaite de cet échiquier même, mais paraissait s’inspirer aussi de l’exacte prévision de la position que prendrait le parti A et de ses méthodes d’observation. Le succès n’eût pu faire défaut à ces combinaisons que si A, dès le moment où il fut avisé de l’appareillage de B, et qu’il fit route au S.-O. environ pour l’intercepter, avait pu faire donner au gros de ses forces, à ses cuirassés type Danton, la vitesse qu’ils devraient pouvoir réaliser, dans un cas extrême. Loin de là, l’augmentation de vitesse fut à peine d’un nœud.

Je ne dirai rien du combat matinal qui couronna l’opération, le 20 mai, et qu’un grain très fort de pluie et de vent vint abréger. On affirme que le parti B y montra de remarquables qualités de souplesse. C’est, en général, la limite extrême des éloges que l’on peut adresser en semblable conjoncture à l’un ou à l’autre des « belligérans. »

Et je ne prétends pas, certes, que la constatation ne soit pas intéressante.


La troisième phase des manœuvres devait se dérouler sous les yeux du ministre, M. Gauthier, sénateur de l’Aude[1]. En son honneur sans doute, les deux vice-amiraux, — le commandant en chef de l’armée navale, commandant en même temps la première escadre et le commandant de la deuxième escadre, — avaient pris, le premier le commandement du parti A et le second la direction du parti B.

Ici, je prends la liberté de transcrire mot pour mot les termes d’une lettre d’un officier supérieur de la première escadre. Mon correspondant, que je ne nomme pas, m’excusera

  1. Le ministre de la Marine du Cabinet Doumergue était arrivé le 24 à Bizerte à bord de la Vérité, distraite de la 2e escadre. Il passa aussitôt sur le Courbet, monté par le commandant en chef et à bord duquel il suivit les manœuvres du 3° thème.