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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/613

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peu de temps. L’Empereur ayant eu connaissance de lettres inconvenantes, où elle se moquait de ses tantes et de sa grand’mère, la renvoya chez ses parens.

Les rapports entre les frères ennemis furent au pire au moment où la puissance impériale marquait son apogée. Lucien habitait alors l’Angleterre, où il était retenu prisonnier. Aux Cent-Jours, le rapprochement entre eux fut tout politique. L’Empereur donnait ce caractère à sa réconciliation et voulait que son frère lui servît de garant auprès des républicains et des constitutionnels ; Lucien réclamait sa part des droits héréditaires réservés par le sénatus-consulte de 1806 aux enfans de Joseph et de Louis.

Depuis 1815, il n’a plus quitté l’Italie, où il appartient tout entier à ses travaux littéraires et à ses affections de famille. Il avait reçu du Pape, en 1814, le titre de prince de Canino, contre lequel son républicanisme ne s’est pas regimbé. Sans parler de son fils Paul, mort en Grèce où il servait comme volontaire, et de la jeune marquise Honorati, enlevée à vingt-deux ans à l’affection des siens, sept enfans lui restent de son mariage avec Mme Jouberthon. Ce sont : Charles-Lucien, prince de Musignano, Lætitia, Louis-Lucien, Pierre-Napoléon, Antoine, Marie et Constance.


7 novembre.

La naissance seule du prince Napoléon-Louis paraissait l’appeler à la plus brillante destinée, puisqu’il est venu au monde le 11 octobre 1804 et que, moins de deux mois plus tard, l’empire était définitivement fondé par le sacre de Napoléon. Peu après la cérémonie de Notre-Dame, Pie VII baptisa à Saint-Cloud, avec toute la pompe de la nouvelle étiquette impériale, le fils d’Hortense, que l’Empereur lui-même, avec Madame Mère, tinrent sur les fonts baptismaux. En 1806, le prince fut conduit en Hollande. Tout l’effet du sénatus-consulte du 18 mai 1804, relatif à la succession au trône impérial, parut retomber sur lui en 1807, après la mort de son frère aîné Napoléon-Charles. L’Empereur n’avait pas d’enfans, Joseph n’avait que des filles, et l’on ne parlait pas encore du divorce impérial.

En 1808, le Prince reçut le grand-duché de Berg, que Murat abandonnait pour le trône de Naples. En 1810, le roi Louis