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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/641

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est imminent. Les dernières étapes sont faites. Il n’y a plus à attendre que la bataille et le corps à corps.


Péronne et Valenciennes, à quinze lieues de distance, abritent quelques jours durant les deux forces qui vont s’aborder avec fracas.

Les évaluer ? On s’y est évertué. L’exercice est aussi incertain que décevant. Il est pour ainsi dire impossible, à moins de circonstances particulières, de calculer l’effectif d’une armée féodale, où le compte s’établit non par hommes, mais par groupes, par petits groupemens que nous ignorons, pour parler franc, les moyens de recenser avec une précision quelconque. Pour les armées qui furent en présence à Bouvines, on saura seulement que certaines appréciations portent les troupes françaises, milices comprises, à 75 000 combattans, et les coalisées au double, tandis que d’autres hypothèses rabattent l’ost de Philippe-Auguste à 25 000 hommes, et celui des alliés au triple. Ce qui demeure avéré, c’est que les deux masses, dans les jours et les heures qui précèdent le choc, se montrent l’une comme l’autre parfaitement souples et maniables, constatation qui doit les ramener vers une supputation raisonnable. Ce qui demeure également acquis, c’est que la quantité envahissante était sensiblement plus fournie que le nombre opposé. Les Français, à Bouvines, combattirent au moins dans la proportion d’un contre deux.

Avant tout, c’est l’invasion, la marche vers Paris qui s’annonce immédiate et menaçante. Pour y parer, Philippe-Auguste et son conseil imaginent une offensive à revers. Par Douai, et laissant Lille à sa gauche, toute l’armée se porte de Péronne sur Tournai où elle atteint l’Escaut, en aval et bien au Nord de Valenciennes. En quatre jours, elle a franchi la distance. Le 23 juillet, elle est partie de Péronne et du val de Somme. Le 26, d’un gîte d’étape difficile à distinguer, elle a fourni sa dernière journée de route et vient se loger à Tournai.


Ce jour même, 26 juillet, les alliés, sortant de Valenciennes, repartent eux-mêmes vers le Nord. Ils s’arrêtent, descendant l’Escaut, au confluent du fleuve et de la Scarpe. An bec des deux cours d’eau, ils occupent la forte et inexpugnable