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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/661

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n’est pas question là-bas de cléricalisme ou d’anti-cléricalisme ; car la propagande des congréganistes cesse d’y être proprement religieuse pour rester exclusivement française. Dans un pays comme l’Egypte, où les musulmans dominent, et où toute autre secte, même chrétienne, ne supporterait pas, tant sont enracinées les croyances, un essai d’absorption par le catholicisme, l’expérience a fait une loi aux religieux de s’abstenir de tout essai de prosélytisme. « Nous nous efforçons simplement, me disait l’un d’eux, d’apprendre à nos élèves le français et de leur inculquer, en dehors de toute considération cultuelle, les principes de la morale chrétienne. »

Cette neutralité à l’égard des dogmes est la condition sine qua non de la fréquentation des établissemens congréganistes par les indigènes. Elle est d’ailleurs si bien établie et si connue que l’on voit côte à côte constamment, dans les écoles catholiques, des coptes, des juifs et des mahométans, dont aucun, pourtant, n’entend abjurer sa foi. On a même vu, — c’est d’un consul de France en Egypte que je tiens le fait, — dans une ville de Haute-Egypte, une école gouvernementale désertée par tout l’élément indigène musulman, y compris le fils du moudir (préfet égyptien), pour l’école française des Frères !

Ce tableau de l’effort de diffusion de la culture française en Egypte est encore très incomplet. Notre organisation scolaire ne se borne pas aux échelons primaire et secondaire. Elle aborde aussi l’enseignement supérieur, tout au moins dans une de ses branches.

Combien de Français de France se doutent-ils, tout d’abord, que l’on peut, en Egypte même, conquérir les grades qui couronnent les études secondaires et qui ouvrent l’accès des études supérieures, je veux dire le brevet supérieur pour les jeunes filles, et le baccalauréat pour tout le monde ? Eh bien ! oui. On débite jusqu’aux rives du Nil notre parchemin national. Les jurys appelés à procéder à cette œuvre délicate y sont, certes, un peu moins universitaires que ceux de France. Au Caire, le ministre de France, à Alexandrie, le consul général, qui président à cette solennité, font appel à des compétences françaises locales un peu imprévues, mais largement suffisantes pour ce jugement d’élémentaire culture et de bon sens. La diplomatie, le barreau, la presse, des ingénieurs, d’autres encore, sont mis à contribution. Sans doute on doit bien parfois repasser un peu