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M. Clemenceau, a pris une part importante à la discussion. Il a eu, comme président du Conseil, sa part des négligences d’autrefois, mais il est patriote ; il l’est même ardemment, à la vieille mode ; il a vu la guerre et il n’en a pas oublié les terribles enseignemens ; il a défendu et il continue de défendre la loi de trois ans : pour tous ces motifs, qu’il lui soit beaucoup pardonné ! Il a demandé avec insistance que la Commission de l’armée consacrât ses vacances à une enquête sur notre matériel de guerre. Une enquête ! Ce mot a sonné mal aux oreilles du ministre de la Guerre qui a cru y distinguer une intention de défiance. On a supprimé le mot, mais on a conservé la chose et il a été convenu qu’à la rentrée d’octobre, la Commission ferait un rapport au Sénat pour le saisir du résultat de ses investigations. Et la Chambre des députés ? On l’avait un peu oubliée dans cette affaire ; elle s’était laissé distancer par le Sénat ; elle en a été piquée et a voulu se rattraper. Elle a décidé, en conséquence, que sa Commission du budget, ou une sous-Commission de cette Commission, renforcée d’un certain nombre de membres des Commissions de l’armée et de la marine, procéderait à une vérification de l’emploi qui a été fait des crédits votés. On s’est demandé d’abord s’il n’y aurait pas avantage à ce que les Commissions des deux Chambres travaillassent ensemble ; mais elles avaient reçu des mandats différens qui ne pouvaient pas être confondus. Nous aurons donc deux rapports et nous ne nous plaindrons pas de cet excès de lumière si les rapports sont, en effet, lumineux. Ce qui s’est passé depuis, c’est-à-dire le danger de guerre immédiate qui est apparu, a amené à se demander si le discours de M. Humbert avait été bien opportun. Il est fâcheux sans doute que nous ayons besoin de semblables secousses pour nous arracher à notre torpeur ; mais puisqu’il en est ainsi, ne nous plaignons pas trop que, de temps en temps, on nous les donne. Et attendons les rapports des deux Chambres : peut-être alors le gouvernement obtiendra-t-il d’un seul coup ce qu’on lui a refusé, disputé ou parcimonieusement marchandé pendant quinze ans.


Au moment de mettre sous presse, nous apprenons le verdict que le jury de la Seine vient de rendre dans l’affaire Caillaux. C’est un verdict d’acquittement. Le temps et la place nous manquent pour en parler aujourd’hui.


Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
Francis Charmes.