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autrichienne et que la petite division allemande, composée du Gœben et du Breslau.

Ces deux croiseurs ont beaucoup fait parler d’eux. Après s’être efforcés de gagner rapidement l’Atlantique, — non sans canonner au passage et par une inutile bravade Bône et Philippeville, — ils ont rétrogradé en voyant le détroit gardé par l’escadre anglaise, se sont ravitaillés à Messine et, finalement, ont gagné la mer Égée et les Dardanelles. La Turquie, au lieu de les désarmer purement et simplement, les a, dit-elle, achetés à l’Allemagne. Cette transaction, déjà, est fort irrégulière, et, ce qui l’est encore davantage, c’est que la plupart des « marins des spécialités, » mécaniciens, électriciens, torpilleurs, canonniers mêmes des anciens équipages allemands sont restés à bord, avec, probablement, quelques officiers bien choisis. Au reste, on annonce de bonne source, au moment où j’écris, que des détachemens de marins de la flotte impériale arrivent à Constantinople par la voie du continent. Ces contingens vont retrouver dans la Corne d’Or le Kurfürst Fr. Wilhelm et le Weissenburg, devenus le Kaïreddin Barbarossa et le Torghut Reiss, il y a trois ans, ainsi que les quatre contre-torpilleurs de 700 tonnes achetés à Schichau en 1910. Ainsi se prépare dans les eaux turques, et couverte par les deux détroits abondamment minés déjà, une force navale plus sérieuse que celle qui se montra si prudente devant l’escadre grecque, il y a dix-huit mois.

Je reviendrai tout à l’heure là-dessus.

Le Gœben et le Breslau[1] n’eussent-ils pu jouer dans le bassin occidental de la Méditerranée un rôle plus important et plus prolongé ? N’était-on pas en droit de craindre qu’ils ne troublassent les opérations du transport des troupes d’Algérie en France ? Et, d’autre part, n’a-t-on pas quelque droit de s’étonner qu’ils aient échappé aux flottes combinées anglaise et française ?

Autant de questions qu’il n’est pas possible de résoudre en ce moment avec les très faibles lumières que nous possédons

    Prince, Warrior (13 600 t.) ; 3e escadre de croiseurs légers : Gloucester (4 800 t.) ; Chatham, Dublin (5 400 t.) ; Proserpine (2 200 t.) ; 5e flottille de « destroyers » ; 2 avisos (Hussor et Imogene) et 16 destroyers.

  1. Gœben, croiseur cuirassé type Dreadnought, 24 000 tonnes, 28-30 n. de vitesse, 3 100 tonnes de charbon, ceinture de 280 m/m d’épaisseur, armement de 10 canons de 28 cm, 12 de 15 cm, 12 de 88 mm. ; 4 tubes lance-torpilles sous-marins ; 1013 h. d’équipages. Breslau ; croiseur protégé, éclaireur d’escadre, 4 550 t., 28 n., 1 200 t. de combustible, cuirasse de 100 mm, armement de 12 canons de 105mm, 2 tubes sous-marins, 373 h. d’équipage.