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dont l’entraînement est parfait et dont il semble que la bonne volonté reste jusqu’ici sans emploi bien précis. On a dit, à ce sujet, que la marine anglaise s’était expressément et exclusivement réservé les théâtres d’opérations de la mer du Nord et de la Baltique. Ce sont là des conventions de circonstance, que l’on peut toujours, que l’on doit modifier quand la tournure des événemens de guerre l’indique. Or, il n’est douteux pour personne, en ce moment-ci, que la défense immédiate du littoral français n’exige plus le même déploiement de forces qu’au commencement d’août. J’irai plus loin et, n’était l’incertitude des décisions que va prendre la Turquie, je ne verrais point d’inconvénient grave à faire remonter du Sud au Nord tout ou partie de la forte division de nos cuirassés anciens. J’entends bien qu’on objectera qu’il faut éviter la dispersion et craindre d’être faible partout. Sans doute. Mais il faut craindre aussi d’être inutilement fort sur un théâtre d’opérations dont on peut se demander s’il est resté ou, tout au moins, s’il sera longtemps encore le « théâtre principal. »

Ces questions de répartition de forces sont, au demeurant, fort difficiles. Il y paraît assez, en ce moment, aux mouvemens si compliqués, si fréquens, auxquels se livrent les corps d’armée allemands et autrichiens sur le théâtre des opérations continentales. Je ne prétends donc pas décider, avec de trop faibles lumières, de ceux des flottes alliées. Il me semble pourtant qu’il y a quelque chose à faire dans cet ordre d’idées.

En tout cas, je le disais tout à l’heure, pour agir dans la Baltique et y tendre la main aux Russes, il faudrait au préalable s’entendre avec le Danemark. Nous avons convenu, il y a un mois, à propos de la Hollande et du ravitaillement de l’Allemagne par les ports de cette nation, de la difficulté pour les petits pays placés dans une telle situation de garder une exacte neutralité. Il est clair que ceci s’applique au Danemark. On sait fort bien, à l’heure actuelle, que les importations considérables de viandes abattues et sur pied, de lait, de fromages, d’œufs, de légumes, etc., qui se faisaient du Jutland et de l’archipel danois en Angleterre ont été détournées sur l’Allemagne et qu’au surplus les producteurs de la grande péninsule scandinave se servent de la voie Copenhague-Gjdser-Warnemünde pour écouler vers Berlin une foule de denrées (sans parler des chevaux et d’objets de matériel utilisables à la guerre) qu’on leur paie fort cher.