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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 23.djvu/513

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intrépide, aussi résolue que jamais. Que de grands exemples les Belges nous ont donnés et nous donneront certainement encore ! Ce n’est pas seulement à la guerre qu’ils ont repoussé les assauts de l’Allemagne ; il ne leur a pas fallu moins de caractère pour repousser les tentatives insinuantes de sa diplomatie. On sait aujourd’hui, par de récentes publications, les propositions qui ont été faites par l’Allemagne à la Belgique pour l’amener à ne pas prolonger sa résistance. Ne l’avait-elle pas soutenue assez longtemps ? N’avait-elle pas fait, et largement, tout ce que l’honneur exigeait ? Certes, la Belgique aurait pu se laisser tenter par ses suggestions insidieuses, car la prolongation de la guerre sur son territoire meurtri et piétiné est pour elle une souffrance cruelle. Mais elle n’en a rien fait. Bien qu’elle n’ait pas signé la Déclaration de Londres, elle se sent liée à l’Angleterre, à la France, et à la Russie dans la lutte qu’elles poursuivent en commun. Qui pourrait songer à séparer son sort de celui de ses alliés lorsque la Belgique, au milieu du sang et des flammes, continue fidèlement et fièrement à confondre le sien avec le leur ? Il lui a été donné de se montrer aussi grande dans l’ordre politique que dans l’ordre militaire, et, quelque belle que soit son histoire, au cours de laquelle elle a résisté Aictorieusement à tant de tyrannies diverses, elle en écrit aujourd’hui la page la plus glorieuse.

Regardons maintenant vers l’Est ; nous sommes solidaires de la Russie comme de la Belgique ; les succès des Russes sont les nôtres comme le seraient leurs revers s’ils en avaient, mais les nouvelles qui nous viennent de leur côté sont, en ce moment, très bonnes. La guerre est rude aussi pour eux, car ils ont affaire à deux adversaires à la fois, l’Allemagne et l’Autriche, mais les ressources dont ils disposent leur permettent de pourvoir à une double résistance. Résistance n’est pas assez dire : les Russes attaquent, ce sont les Allemands et les Autrichiens qui résistent et heureusement ils le font mal. Nous avons parlé, il y a quelques jours, des nouveaux succès que les Russes avaient eus sur les Autrichiens : ils en ont, depuis lors, remporté un autre sur les Allemands, et ce n’est pas le moins méritoire des deux, car il a été le plus difficile et le plus disputé. Il fallait s’attendre à ce qu’il le fût. Peut-être, au début de la campagne, nos alliés Russes ne l’avaient-ils pas suffisamment fait. Avec leur courage impétueux, ils étaient, sous les ordres du général Rennenkampf, entrés dans la Prusse orientale et avaient poussé une pointe hardie jusqu’à Kœnigsberg. Rien n’a résisté à leur premier élan. Ils avaient devant eux des troupes allemandes de la landwher qui ont été