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POÉSIES

INTIMITÉS


LES DEUX PORTRAITS


Devant moi, sur la table où je t’écris ces lignes,
Mère, j’ai deux portraits qui me viennent de toi :
Tous deux je les contemple avec un tendre émoi
Et leur même beauté fait se lever en moi,
Comme un lys immortel, l’amour dont ils sont dignes.

L’un d’eux, des chers instans où nous étions blottis
Tout enfans sur ton cœur durant des nuits de fièvre
M’apporte ton sourire adorable ; et ta lèvre
Y garde encor sertis, comme un bijou d’orfèvre,
Ces mots qui font rêver du Ciel les tout petits.

C’est bien toi : ton regard à travers les années
Me cherche et me poursuit toujours de sa douceur,
Et je sens que, ce soir, sous son charme obsesseur,
J’ai l’âme d’un enfant, toi, d’une grande sœur,
Tant notre amour a rapproché nos destinées !