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coton qu’elle file. Cette année, la récolte de cette plante en Asie centrale et en Caucase est supérieure de plus d’un cinquième à la moyenne. Nous n’importons plus d’Angleterre, pour les besoins des villes du littoral de la Baltique, qu’un appoint de 15 pour 100 de la quantité totale du charbon que nous consommons. »

Du côté des finances publiques, le tableau n’est pas moins rassurant. Le Trésor et la Banque d’Etat ont abordé la guerre avec des réserves telles que tous les débours de l’entrée en campagne se sont effectués avec la plus grande aisance ; on peut être assuré qu’il continuera à en être de même. Le stock d’or est égal à celui de la Banque de France : la solidité du billet russe est comparable à celle du billet français. La marche des banques particulières n’a pas été suspendue. Nous pouvons envisager l’avenir financier, sur les bords de la Neva, avec autant de sérénité que l’avenir militaire. L’armement économique de nos alliés ne le cède en rien à celui de leurs troupes. M. Bark et son prédécesseur, M. Kokovtzoff, ont aussi bien travaillé que leur collègue de la guerre, le général Soukhomlinow. La réforme capitale de la propriété paysanne a eu, sur l’ensemble de la population, un effet des plus heureux. Peu à peu les terres se divisent ; les grands propriétaires cèdent une partie des leurs ; l’administration des apanages, c’est-à-dire des biens de la couronne, et l’Etat, font des ventes considérables. Des millions de déciatines passent aux mains de chefs de famille qui, stimulés désormais par le sentiment de l’intérêt personnel, cultivent mieux, ne craignent pas de confier des engrais au sol qui ne sortira plus de leurs mains, et obtiennent des rendemens très supérieurs à ceux d’autrefois. La mise en valeur de la Sibérie aide beaucoup à ce développement de la propriété individuelle. Il se produit un fort mouvement d’émigration de l’Ouest à l’Est. Des agences officielles existent en Russie d’Europe. Les paysans, désireux de changer de résidence, s’adressent à elles, afin d’obtenir la permission d’envoyer des délégués examiner les territoires que le gouvernement leur désigne. Ils font, après avoir reçu le rapport de leurs mandataires, une demande, à la suite de laquelle il est accordé à chacun environ 120 hectares, qu’il n’a le droit ni de vendre, ni d’hypothéquer. Le domaine reste sa propriété aussi longtemps qu’il le cultive. Pour l’élevage des chevaux et du bétail, l’Etat accorde des concessions plus étendues et fournit des étalons.