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Et les braves chefs aussi ! Voici une réflexion qui échappe à mon chef de bataillon. Recueillons-la avec soin, car jamais ils ne parlent d’eux : « C’est terrible, mais c’est beau, la bataille. A partir du moment où il reçoit l’ordre de mener ses hommes au combat, le chef perd tout sentiment de danger personnel ; il lui faut un effort énorme de raison pour se garer, quelquefois, pendant une seconde. Le souci du commandement, la responsabilité, empêchent absolument que l’on pense à soi. »


6 octobre.

L’ambassadeur des Etats-Unis nous a donné aujourd’hui une nouvelle marque de sympathie en amenant à l’ambulance le marquis de Valtierra, ambassadeur d’Espagne, et le ministre de Norvège, M. Vedel-Jarsberg. Il a semblé prendre plaisir à leur montrer lui-même ce dont sont capables ses compatriotes.


7 octobre.

Le Président de la République a traversé Paris, et il est venu à notre ambulance. Il était accompagné de M. Viviani et du général Galliéni, avec lequel il avait fait une tournée, ce matin, dans le camp retranché. Salué au dehors par la foule, d’une ovation discrète, comme il convient à des temps si graves, il a été reçu ici par l’ambassadeur, M. Herrick, et par les membres du Comité. Il a vu les services principaux et traversé les salles de malades, rapidement sans doute, mais en paraissant se rendre compte de tout et avec les marques d’un vif intérêt. Blessés, médecins, membres du Comité, garderont le souvenir de ses félicitations et de la sympathie qu’il leur a témoignée. :

En nous quittant, le chef de l’Etat s’est rendu au Val-de-Grâce et à un hôpital de la Croix-Rouge. Il était, hier, au quartier général et près de nos combattans. Visite aux ambulances ; visite aux armées : c’est fidèlement traduire la pensée du pays, tout entière avec nos soldats. Pleine de fierté, de confiance et de tendresse, la France les suit et les admire, partout où ils luttent et ils souffrent pour elle, au lit de douleur des ambulances comme dans le péril des champs de bataille.


FELIX KLEIN, Aumônier de l’Ambulance américaine.