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LA BELGIQUE MARTYRE.

résumés dans ces pages montreront à tous ceux qui, dans leur cœur, ont déjà prononcé la sentence, qu’ils ne se sont point trompés. Cette étude est pourtant fort incomplète. Si l’on voulait délimiter géographiquement le théâtre des faits odieux dont j’ai parlé, on s’apercevrait que seule a pu être explorée jusqu’ici la partie du pays qui s’étend entre le cours de l’Escaut et le cours de la Meuse, au Nord d’une ligne oblique tracée de Gand à Namur. De la Flandre, piétinée aujourd’hui par les corps d’armée allemands qui combattent, des Ardennes et du Hainaut, trop loin de nous, nous ne savons presque rien. Chaque jour, un écho nous en arrive, un cri de détresse qui nous fait entrevoir des malheurs aussi affreux que ceux dont nous connaissons le détail. Le dossier redoutable ne cesse de s’enfler… Il ne fallait pourtant pas attendre qu’il fût définitivement constitué pour y puiser des pièces caractéristiques ; il fallait, alors que vibrent encore dans l’air la protestation allemande et les fières répliques, fortes de leur substance doctrinale et de leur vérité, des intellectuels français, démontrer qu’aux six Il n’est pas vrai des savans d’outre-Rhin répondent, non pas des affirmations vagues et des calomnies gratuites, mais des faits innombrables et précis, pour chacun desquels peuvent être données les indications nécessaires de dates, de noms, de lieux, de contrôle. Je n’ai fait qu’entr’ouvrir le recueil immense des procès-verbaux et des témoignages. La critique allemande, si elle cesse un jour d’être servilement aveugle, ne pourra, lors de la publication intégrale, que frémir de honte devant le dossier grand ouvert.

Pierre Nothomb.