Enfin ! ont dû penser les Anglais. Depuis qu’ils avaient détruit la dernière escadre ennemie près des îles Falkland, il semblait qu’aucun navire de guerre allemand n’osât se risquer sur la surface des mers. Pourtant, le 24 janvier au matin, une escadre de patrouille anglaise commandée par l’amiral David Beatty aperçut quatre croiseurs de bataille allemands, plusieurs croiseurs légers et quelques contre-torpilleurs qui se dirigeaient vers la côte anglaise. Aussitôt la chasse commença. Les croiseurs allemands, surpris par une force qu’ils estimèrent tout de suite supérieure, s’enfuirent à toute vitesse, mais ils furent poursuivis et ne purent pas échapper au combat. Les croiseurs britanniques étaient le Lion, le Tiger, le Princess Royal, le New Zealand et l’Indomitable ; les croiseurs allemands le Derfflinger, le Seidlitz, le Moltke et le Blücher. Ce dernier fut coulé, les autres plus ou moins gravement endommagés : ils auraient eu sans doute le même sort que le Blücher si, arrivé dans la région rendue dangereuse par les mines sous-marines, l’amiral Beatty n’avait pas dû abandonner la poursuite. Quoi qu’il en soit, voilà un combat correct, où des soldats luttent contre des soldats et où les choses se passent conformément aux lois de la guerre. L’Angleterre en éprouve une légitime fierté. Il est à désirer que d’autres se produisent, surtout s’ils doivent finir de même ; mais les Allemands s’y exposeront-ils de nouveau ? Ils préféreront sans doute monter sur des zeppelins et venir, en pleine nuit, jeter des bombes sur des non-combattans inoffensifs.
Sur terre, la situation militaire n’est pas, nous l’avons dit, sensiblement modifiée en Europe, mais, en Asie, nos alliés russes ont eu de nouveaux succès dans la région du Caucase, et l’armée turque qui leur a été opposée, sous le commandement d’officiers allemands, semble bien près d’être anéantie. Le même sort attend sans doute celle qui a été préparée contre l’Egypte, si on l’y envoie en effet. Les Allemands ne s’attendent sans doute pas à ce qu’elle remporte des victoires, mais leur politique consiste à imposer à leurs adversaires des diversions qui les obligent à envoyer et à maintenir une partie de leurs forces loin du front principal. N’ont-ils pas dirigé un détachement de troupes turques sur Tauris, pour inquiéter les Russes en Perse et les obliger à faire face aussi de ce côté ? Mais l’expédition de Tauris est, elle aussi, sans lendemain, et l’armée turque, disséminée comme elle l’est sur plusieurs points quelquefois très éloignés les uns des autres, peut occuper l’ennemi ici et là, sans réussir à l’inquiéter. Il semble bien que l’expédition projetée sur l’Égypte n’ait pas d’autre objet. En tout cas, l’Egypte est prête à se défendre et si