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L’ÉTERNELLE ALLEMAGNE
D’APRÈS LE LIVRE DE M. LE PRINCE DE BÜLOW

II[1]

L’EMPIRE ET LA GUERRE


« L’Empire allemand, tel qu’il est sorti des baptêmes du feu de Kœniggrœtz et de Sedan, comme le fruit tardif de la longue évolution de notre peuple, — dit M. de Bülow en sa Conclusion, — ne pouvait naître qu’au moment où se rencontreraient l’esprit allemand et la monarchie prussienne : il fallait qu’ils se rencontrassent pour que l’Allemagne pût obtenir une vie unitaire d’une force durable. C’est dans l’Ouest et dans le Sud de l’Allemagne qu’a été formé l’esprit allemand. C’est en Prusse qu’a été formé l’État allemand. »

Mais cinquante ans après la rencontre de l’esprit allemand et de la monarchie prussienne, M. de Bülow ne pensait pas que l’Allemagne fit un seul cœur avec la Prusse ; il croyait, tout au contraire, que la tâche essentielle du nouvel Empire était encore de vaincre les résistances de l’éternelle Germanie et de « réaliser l’unité de vie intellectuelle et politique en Allemagne, c’est-à-dire la pénétration réciproque du génie prussien et du génie allemand ; » il disait que « l’avenir de l’Allemagne dépendait de la façon dont l’âge contemporain réussirait à amalgamer l’esprit allemand avec la monarchie prussienne. »

  1. Voyez la Revue du 1er  février.