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maisons, construites à l’européenne suivant les règles de l’hygiène. Il va sans dire que ces maisons coûtent cher et ne sont point accessibles aux humbles travailleurs, relégués dans des villages éloignés.

On avait donné à la ville un aspect nettement allemand. Les règlemens de voirie, par exemple, étaient très sévères. Tsing-Tao avait été approvisionnée largement de bonne eau potable ; un système d’égouts avait été établi. Dès le mois de mars 1900, la ville était éclairée à l’électricité ; bien avant même, un réseau téléphonique avait été construit ; on n’avait pas oublié de créer, pour cette station, deux magnifiques hôtels bien aménagés

Nous avons fait allusion, il y a un instant, aux conditions de vente aux particuliers des terrains de la ville, pour constructions privées. Dans cette question foncière, les Allemands avaient apporté une méthode très louable, doublée d’une réglementation très stricte, très dure, qui a eu de sérieux avantages, en empêchant des spéculations trop marquées de la part des premiers arrivés, et qui auraient ensuite tenu la dragée trop haute à ceux qui auraient voulu construire des maisons dans le périmètre de Tsing-Tao.

Tout d’abord, le gouverneur, dès la prise de possession du territoire, avait décidé que les propriétaires chinois ne pourraient vendre leurs terres à personne autre que le gouvernement allemand lui-même, les prix de vente devant être les prix usuels en vigueur avant l’arrivée des Européens. Cela permettait à l’administration d’acquérir à bon marché tous les terrains qui lui paraissaient convenables pour la création de la ville, de ne conserver que ce qui serait nécessaire soit aux fortifications, soit aux monumens publics, aux voies de communication, et de céder le reste aux acquéreurs particuliers qui se présenteraient. C’était sans doute très tyrannique à l’égard de la population indigène ; mais la population immigrée n’a eu guère qu’à se louer de ce procédé.

Il ne faut pas perdre de vue que ces méthodes d’autorité ont quelque raison d’être, quand on arrive dans un pays neuf, peu civilisé relativement, où les titres de propriété manquent d’ordinaire. Ici, en particulier, on ne pouvait point trouver de pièces officielles établissant l’existence, la délimitation des parcelles cédées par les propriétaires chinois (sous réserve de