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Dans la question des églises, l’inconvénient de l’absence d’un régime légal, accepté de part et d’autre, éclate d’une façon singulière. Nous ne voulons pas rechercher si les catholiques ont bien fait de ne pas accepter la solution des associations cultuelles, qui auraient eu les bénéfices et la charge des lieux de culte. La condamnation prononcée à cet égard par la Cour de Rome a peut-être été le résultat d’un malentendu, car on pouvait très bien constituer ces associations préposées au service temporel du culte sans porter atteinte à la hiérarchie catholique, seule dépositaire de l’autorité religieuse, hiérarchie reconnue formellement par l’article 4 de la loi de 1905, hiérarchie sauvegardée depuis dix ans par une jurisprudence très ferme du Conseil d’Etat. Mais rien ne sert de revenir sur le passé, cherchons plutôt les moyens pratiques de remédier à la situation. Le problème ne se pose, à la vérité, ni pour les églises qui sont la propriété de l’Etat, ni pour celles qui sont classées comme monumens historiques, ni pour celles qui appartiennent à des sociétés ou à des particuliers. L’entretien des deux premières catégories est assuré par le Budget des Beaux-Arts ; les dernières ont des ressources que leur procurent leurs fondateurs. Restent les églises, non classées, qui appartiennent aux communes. Il semble, à première vue, que, l’entretien étant une charge normale de la propriété, ce sont les communes qui devraient y pourvoir et y être contraintes au besoin par la voie de l’inscription d’office. A notre sens, cette solution ne serait ni juste ni habile : ni juste, puisque les communes n’ont pas la jouissance des édifices dont il s’agit, sur lesquels elles n’ont qu’un droit nominal de propriété ; ni habile, car on arriverait ainsi à exaspérer contre la religion des populations dont la majorité ne lui est déjà point très favorable, puisqu’elle leur refuse tout subside. Mais ce que l’Etat ne peut imposer aux communes, rien ne l’empêche de se l’imposer à lui-même en vue de conserver ces modestes lieux de culte auxquels se rattachent tant de souvenirs et qui font partie intégrante de notre sol et de notre histoire. Une combinaison qui a été envisagée et qui, nous l’espérons bien, sera prochainement adoptée, consisterait à créer une caisse spéciale pour les monumens religieux non classés et à lui fournir une première dotation, cette caisse devant être alimentée dans la suite par la générosité des fidèles. D’autre part, rien n’empêcherait d’organiser, sous