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a éclaté. Où en sont-elles, maintenant ? — Nul doute que, résolus, dès le début des hostilités, à faire le plus large usage de l’arme nouvelle et entrevoyant déjà ce blocus des eaux anglaises auquel ils rattachent aujourd’hui tant de vaines espérances, les Allemands ne se soient efforcés d’augmenter rapidement le nombre de leurs sous-marins.

Or, les prévisions officielles de mises en chantiers pour 1914 et 1915 étaient de 12 unités. On devait tenir d’autant mieux à la réalisation de ces prévisions que l’on avait éprouvé, nous venons de le voir, des retards sensibles les trois années précédentes. Soyons donc assurés qu’à Dantzig, comme à Kiel, et probablement aussi bien dans les chantiers privés (Schichau, Germania, Howaldt) que dans ceux de l’État, on a mis sur cale, poussé activement, jour et nuit, achevé enfin cette douzaine de grands sous-marins de rayon d’action étendu qui conviennent parfaitement à l’objectif poursuivi[1].

Mais, d’autre part, on a fait des pertes. Celles-ci ne sont pas très faciles à évaluer. Un sous-marin disparaît, s’ensevelit définitivement sous les flots sans que l’adversaire qui le voit s’enfoncer soit certain de l’avoir coulé. De quelques-uns on n’entend plus parler. Il n’y a pourtant pas eu combat ou collision : un accident de mer les a fait sombrer obscurément. Tant y a que les calculs varient de six à dix unités perdues. N’acceptons que le premier de ces chiffres et, toute balance faite, admettons que l’Allemagne va disposer, au début de cette nouvelle période du conflit, d’une vingtaine d’unités, au maximum, susceptibles d’opérer, chacune pendant quelques jours, soit dans la Manche, soit dans la mer d’Irlande et aux atterrages atlantiques des Iles Britanniques.

Occupons-nous de la mer d’Irlande. Le canal du Nord est à 800 milles, au moins, d’Helgoland. Si nous accordons aux dernières unités allemandes 1 800, peut-être 2 000 milles, de rayon d’action, on voit combien est limité le champ de leur activité sur le théâtre d’opérations qui leur est dévolu à chacune d’elles. Cette difficulté apparaît si clairement à qui réfléchit un peu, que l’on s’est demandé où et comment ces sous-marins pouvaient

  1. Le chantier « Germania » avait, en août 1914, cinq grands sous-marins en construction pour le compte de l’Autriche. L’Allemagne s’en est-elle emparée ? — Il y a quelques semaines, la presse quotidienne annonçait l’envoi à Pola de ces petits bâtimens, démontes et expédiés par tranches.