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nécessité de ménager les nationalités de la couronne de Saint-Etienne. L’une et l’autre, toutefois, oublièrent bien vite les leçons de cette terrible crise. La Transylvanie y gagna d’être reconnue comme un pays de la couronne, indépendant de la Hongrie : cette indépendance fut inscrite dans la constitution du 4 mars 1849, premier expédient auquel l’Autriche eut recours pour trouver un nouvel équilibre politique. Cette constitution accordait le même traitement à la Croatie et à la woïvodie serbe et proclamait le droit de tous les peuples de l’Empire à conserver leur nationalité et leur langue. Il est vrai qu’elle ne fut pas appliquée, mais celle que lui substitua la patente du Ier janvier 1852 confirma l’autonomie de la principauté. Celle-ci n’aurait pas eu à se plaindre du centralisme qui allait être pendant dix ans le système gouvernemental de l’Autriche, si le centralisme n’avait pas été inséparable du germanisme et de la compression administrative. Plus négligée au point de vue économique que les autres parties de la monarchie, elle eut à souffrir comme elles de la fiscalité et de la bureaucratie.

La raison d’être du système centraliste, c’était, en fortifiant l’autorité dynastique, d’accroître l’influence de l’Autriche en Europe. Loin de là, la guerre de Crimée, le Congrès de Paris la brouillèrent avec la Russie, posèrent la question italienne et celle de l’union des principautés danubiennes. Nous n’avons pas besoin de signaler l’importance de cette union accomplie en 1859 pour l’avenir des rapports de la Transylvanie et de la Transleithanie. De ce jour, les Roumains du dincolo, comme on appelle ceux qui font partie de la monarchie austro-hongroise, ne pourront s’empêcher d’envier le sort de leurs frères de la Tara, c’est-à-dire d’au-delà des Carpathes, de songer à se réunir à eux.

Ce fut le péril italien qui mit d’abord à l’épreuve la force de résistance de l’Autriche centraliste. On sait comment elle la soutint. Désabusée du centralisme pur, qu’Alexandre Bach emporta dans sa chute, elle eut recours à des régimes empiriques plus ou moins artificiels qui la débilitèrent sans avoir raison du solide tempérament qu’elle devait à la force de l’idée dynastique.

Dans l’histoire de ces expédions, une seule chose doit nous occuper : la situation et le rôle de la Transylvanie. Pendant cette période d’expérimentations, celle-ci est toujours traitée comme un grand-duché ne relevant que de la couronne, qui s’en sert maintes fois pour l’opposer à la Hongrie. La loi