n’aura pas décimées, il faut qu’un grand effort soit fait en vue de perpétuer le sentiment d’un devoir, à cet égard, envers la patrie. Or, la patrie se personnifie dans l’Etat ; elle se manifeste dans les lois édictées par la puissance publique. Nous ne croyons guère à l’efficacité de telle ou telle de ces lois, pour modifier un courant économique ou intellectuel. Mais, précisément parce que le patriotisme est un sentiment essentiellement social, nous sommes convaincu que l’esprit général qui anime les représentans de l’Etat et qui pénètre la législation peut beaucoup, sinon pour changer l’esprit public, du moins pour confirmer et consolider certaines tendances et pour en atténuer d’autres. Un ensemble de lois toutes pénétrées de cette idée, que le citoyen qui élève assez d’enfans pour assurer la perpétuité de la race accomplit son devoir, que celui qui se dérobe à ce devoir ou qui ne peut pas le remplir reste débiteur envers le pays et qu’il devra s’acquitter sous d’autres formes, pourra prolonger un état général des esprits favorable à l’essor de la natalité, quand le souvenir des luttes actuelles s’affaiblira et quand les nécessités militaires paraîtront moins pressantes. Nous ne nous rallions certes pas à la doctrine d’après laquelle l’approbation ou la réprobation publique serait le fondement même de l’idée morale ; nul ne peut nier, pourtant, que cette approbation ou cette réprobation, manifestée notamment par tout un ensemble de lois dont chacune en particulier n’aurait guère d’effets, soit de nature à renforcer singulièrement une idée morale dans la masse des esprits.
Il va falloir refaire, au lendemain de la guerre, une grande partie de notre législation fiscale et militaire ; il va falloir opter pour la consolidation ou pour la suppression de mesures provisoires de police, qui ont été rendues nécessaires par les événemens. C’est en présence d’électeurs tout pénétrés encore du danger couru, de la nécessité absolue d’en éviter le retour, d’être forts si nous voulons durer, que cette refonte va s’opérer. Il y a là une occasion, qui ne se retrouvera jamais, pour faire accepter des mesures de salut presque irréalisables en toutes autres circonstances, car elles seraient combattues avec acharnement par la coalition d’intérêts actifs, réduits sans doute aujourd’hui à un silence momentané.
Nous n’avons pas la prétention d’étudier complètement, dans un article nécessairement très limité, toutes les mesures