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qui serait d’autre part supprimée et ne serait remplacée par rien pour tous les chefs de famille exemptés, ne paraissent pas dépasser ce qu’on peut demander raisonnablement.


Après l’impôt en argent, il faut mentionner l’impôt du sang et celui du temps pris pendant la paix par le service militaire. Le moment parait mal choisi pour parler de réductions ; mais ici, comme en matière financière, il ne s’agit pas de déterminer le montant total des charges : il s’agit de déterminer sa répartition, quel qu’en soit le chiffre. S’il y a une matière où les avantages aux pères de famille soient justifiés, c’est bien celle-là. Dans l’élan admirable qui a porté tous les hommes valides de France à la frontière, sans défaillances et sans résistances, le seul regret que nous ayons entendu formuler, c’est que des pères de trois ou quatre enfants fussent obligés de partir, quand tant de célibataires valides, quoique plus âgés, ne partaient pas.

La loi actuelle fixe l’entrée au service a vingt ans en moyenne (exactement 20 ans et 3 mois), — le passage dans la réserve de l’armée active à 23 ans, — dans l’armée territoriale à 34 ans, — dans la réserve de l’armée territoriale à 41 ans, — la libération définitive à 48 ans. Les sursis ou les devancemens d’appel peuvent avancer ou reculer d’une ou deux années toutes ces limites, sans en modifier l’écart. Quelle que soit la durée de service qui sera reconnue nécessaire, après la guerre, on ne s’éloignera pas beaucoup de ces moyennes, sauf -peut-être pour le service actif.

La durée de celui-ci ne saurait dépendre de la situation de famille, et il n’est d’ailleurs pas désirable que les jeunes gens se marient avant d’être appelés sous les drapeaux. Supposons que le maintien dans la réserve de l’armée active jusqu’à 34 ans en moyenne continue à être reconnu nécessaire ; il ne serait certes nullement impossible d’avancer le passage dans l’armée territoriale, en le fixant à 33 ans pour les pères de deux enfans légitimes, — et de décider qu’il aura lieu immédiatement, en cas de naissance d’un troisième enfant, quel que soit l’âge du père. On compenserait aisément le déchet qui en résulterait, en maintenant dans l’armée active les hommes mariés sans enfans jusqu’à 35 ans, et les célibataires jusqu’à l’âge que la statistique déterminerait comme répondant au maintien de l’effectif total