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4o Ils ont emporté cent quarante-quatre grands couverts d’argent, quarante-huit couteaux à manche d’argent, vingt-quatre couverts à dessert et trente-six cuillers à café en argent.

5o Ils ont aussi emporté trois montres en or appartenant aux enfans, ainsi que neuf livrets de Caisse d’Épargne des enfans, le tout enfermé dans une caisse scellée.

6o Ils ont emporté mes carnets de chèques sur la Caisse de Reports et la Banque de Bruxelles.

7o Ils ont aussi emporté un violon appartenant à un de mes fils.

8o Ils ont emporté aussi une tunique de lignard, que mon fils s’était fait faire et qu’il avait laissée chez nous pendant qu’il faisait son service en campagne.

9o Ils ont retiré des armoires et tiroirs mes papiers et les ont laissés au milieu de la chambre.

10o Ils ont ouvert systématiquement tous les meubles, boîtes, malles, etc., les défonçant avec leurs armes lorsqu’ils ne pouvaient pas les ouvrir assez rapidement.

11o Ils ont pris les robes de mes filles et jusqu’aux langes de mes petits-enfans pour en couvrir les bottes de paille sur lesquelles ils couchaient.

Je ne parle pas des nombreux objets qu’ils ont enlevés ainsi qu’il résulte de la liste ci-jointe et dont l’enlèvement pouvait trouver une excuse dans les nécessités de la guerre. Je veux parler des couvertures de laine des lits, du linge d’homme, des charrettes, voitures, ânes, bicyclettes, essence pour automobiles, etc.

Je tiens à votre disposition les cartes que les officiers avaient apposées sur les portes de leurs chambres et qu’ils ont abandonnées, ainsi que les billets qu’ils avaient appliqués sur les portes des chambres du rez-de-chaussée pour indiquer la destination qu’ils leur donnaient.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’hommage de ma haute considération.

Signé : Léon Delacroix.