Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/967

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la côte adriatique à l’Italie, sans regret pour elles-mêmes et sans projet de reprise dans un avenir prochain. C’est donc du côté de la Triple-Entente que l’Italie doit se tourner et que vraisemblablement elle se tourne, si elle veut régler définitivement une question qui a un si grand intérêt pour elle. Encore n’y aura-t-il là rien de définitif pour l’Italie que si l’Allemagne et l’Autriche sortent écrasées de la guerre où elles ont cru trouver leur grandeur.

Nous ne saurions dire où et comment se poursuit la négociation relative à l’Adriatique, mais il n’y a pas de fumée sans feu et les journaux italiens lancent tant de fumée qu’il y a certainement un foyer quelque part. De tous ces articles de journaux, un des plus intéressans est celui que publiait il y a quelques jours la Stampa. — On pense, disait ce journal qui, hier encore, prêchait la neutralité, que durant le mois d’avril le cours plus résolu des événemens militaires sera accompagné en Italie de faits de nature diplomatique qui peuvent exercer une influence décisive sur les délibérations du gouvernement italien. Dans le courant d’avril en effet, trois élémens du problème seront résolus, les négociations de Vienne, l’action de la flotte alliée contre les Dardanelles, la lutte austro-russe dans les Carpathes. Quant à l’action diplomatique, l’entrée en scène du nouvel ambassadeur, M. de Giers, va avoir lieu et les débats au sujet des intérêts italiens dans l’Adriatique suffiraient à démontrer l’importance de son rôle. Il y aura des négociations inévitables entre Rome et Petrograd à propos des questions adriatiques où les intérêts de l’Italie et de la Russie sont engagés. D’autre part, le personnel de la légation de Serbie à Rome a été accru d’envoyés extraordinaires chargés de missions spéciales qui se rapportent précisément aux mêmes questions. Si le langage des journaux russes peut faire croire à un antagonisme entre l’Italie et la Serbie, on assure cependant dans le monde politique que le gouvernement italien négocie un accord italo-serbe qui devrait être ratifié par le gouvernement russe. — Nous avons résumé cet article parce qu’il dispense de la lecture de beaucoup d’autres. Des intérêts y sont attribués à la Russie dans l’Adriatique. On ne voit pas au premier abord quels sont ces intérêts et, en effet, ce ne sont pas directement les siens, mais ceux de la Serbie qui sont présentement en cause. Que la Russie s’intéresse à la Serbie, cela va de soi ; mais la France et l’Angleterre s’y intéressent aussi et, s’il y a une négociation déjà ouverte, nous ne doutons pas qu’elles n’y prennent part. Le rôle héroïque de la Serbie pendant la guerre ne lui vaut pas seulement des sympathies, il lui