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simple appareil, devait coûter cher à des bourses mal garnies, s’équiper ensuite en chaussures et en vêtemens. Sarcey a dit ces ennuis dans des lettres pleines de bonne humeur, dont on a publié des fragmens. La liberté et la joie sont au bout de l’aventure. On s’embarque et il ne s’agit plus que de retrouver Bary. About se charge de lui donner un rendez-vous et lui envoie toutes les indications utiles.

« Mon cher ami, lui écrivait-il de Fécamp, le 5 septembre 1849, tu te souviens de nous avoir tous laissés à Étretat dans une situation d’esprit plus folâtre que raisonnable, sans excepter ni le sage des sages, Francisque, ni même ma jeune élève. J’ai ramené tout ce monde en assez bon état à Fécamp. Depuis, nous nous sommes assez modérément amusés ; nous avons pris deux bains de mer, nous avons fait une grande promenade sous une grande pluie ; hier, nous avons péché la salicoque, en entrant dans l’eau jusqu’au ventre. Nous avons pris plus de rhumes que de crustacés. Francisque a la plus énorme fluxion que tu puisses imaginer ; sa figure ne ressemble plus à rien.

« Nous partons d’ici le 12. On nous a conseillé un charmant voyage sur les bords de la Seine et qui ne serait pas cher. Le premier jour nous irons d’ici à Lillebonne, où tu pourrais venir en chemin de fer nous retrouver, si cela te souriait.

« De Lillebonne, avec des lettres de recommandation, nous visiterions Caudebec, Saint-Wandrille, La Meilleraie, Jumièges, Norville, Tancarville, Saint-Maurice-d’Etelan ; et nous serions au Havre pour le 14 ou le 15. Notre centre d’opérations serait Lillebonne. La personne qui nous a donné notre itinéraire est le rédacteur du journal de Fécamp, le Progressif cauchois. S’il peut venir, il nous accompagnera ; sinon, il nous donnera des lettres de recommandation pour tout visiter, même les fabriques.

« Le 15, nous retrouverons au Havre Mme de Pankratiefî, sa fille et ma mère, qui iront faire une visite à tes parens. Eugène Benoît vient avec nous.

« Si ce voyage te sourit, écris-moi un mot rue Sainte-Croix, 30, chez M. Benoît. Nous te donnerons plus de détails.

« Tu vois que j’ai désappris à écrire. Adieu, mon vieux. Le voyage en question doit nous coûter à chacun environ quinze francs, y compris le voyage de Fécamp à Lillebonne. C’est moins cher pour toi qui es plus près. »