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LA LITTÉRATURE DE DEMAIN
ET LA
GUERRE EUROPÉENNE

Enfin ! nous respirons. Il s’éloigne de nous, l’horrible cauchemar de l’invasion étrangère. Il s’éloigne lentement, mais il s’éloigne. La vaillance disciplinée, l’héroïsme tenace et continu, la merveilleuse endurance de nos soldats, la bravoure, la méthode, le sang-froid, les puissances d’intuition de nos généraux ont suppléé aux relatives insuffisances et aux lacunes de notre préparation militaire et ont eu raison de la plus formidable machine de guerre qu’ait connue l’histoire. Les Vandales, comme ils s’appellent volontiers eux-mêmes, quittent peu à peu notre sol où ils ont amoncelé les souillures et accumulé les ruines. Ils ne sont pas châtiés encore, ils le seront à leur heure, ou plutôt à la nôtre. En attendant, et sans cesser de penser à la chose uniquement nécessaire, on peut y penser d’un esprit plus libre et moins anxieux. Et ce n’est certes point cesser d’y penser que d’essayer de répondre à la question que voici : Cette guerre, qui va rénover tant de choses, ne renouvellera-t-elle point aussi notre littérature nationale ? Et que sera, ou plutôt, — car, en pareille matière, les prévisions et les conjectures sont surtout des vœux et des espérances, — que devra être la littérature de demain ?


I

Et d’abord, qu’elle soit assez différente de la littérature d’hier, c’est ce qui ne me paraît guère douteux. La littérature, même la