Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il séjourna cinquante ans, toujours prêt à rendre les services les plus divers ; et que Garnier représenta, à son passage, dans une aquarelle vibrante ; puis le camérier Petro, dont About a vanté ailleurs le génie pour le café à l’orientale et qui demeura trente-cinq ans à l’Ecole, car le départ dont il est question ici ne fut qu’un faux départ et Daveluy ne se montra pas inflexible au serviteur congédié.

À ces noms de fonctionnaires de rangs divers, il faut joindre ceux de quelques autres Français. En premier lieu, le colonel Touret, un soldat philhellène venu avec le corps militaire de Fabvier et qui, depuis, n’avait plus quitté la Grèce libérée, se dévouant corps et âme à son roi. Par ses fonctions, par son caractère, le colonel Touret était le plus en vue des Français devenus Hellènes. Autour de lui se groupaient naturellement ceux de ses compatriotes qui passaient à Athènes un plus ou moins long temps. On a vu comment il avait adopté Théophile Gautier. Parti de Paris aux environs du 10 juin, Gautier avait gagné d’abord, par Marseille et la mer, Malte et Syra, où il resta vingt-quatre heures. Là, le paquebot qu’il montait, le Léonidas, avait pris comme passagers Garnier et Curzon, allant, eux aussi, visiter Smyrne. L’écrivain voyageur fait une allusion obligeante a cette rencontre. Ce hasard fut, pour Garnier, le point de départ d’une liaison amicale avec Gautier, et l’on connaît la curieuse pièce de vers monorimes que celui-ci composa un jour, à l’occasion d’une invitation à dîner :


Garnier, grand maître du fronton,
De l’astragale et du feston,
Abandonnant le feuilleton, etc.,


et la suite d’une soixantaine d’autres sur ce même ton.

Poursuivant par mer, le long de la côte d’Asie, Gautier poussa jusqu’à Constantinople, où il demeura quelque temps. Lui-même a décrit, dans un volume, les incidens de son séjour. C’est en rentrant en France qu’il visita Athènes, et on a vu comment About lui en fit les honneurs. Mais Gautier ne dit rien de cette circonstance, dans les quelques pages qu’il a laissées sur sa visite, pages qu’il publia dans le Moniteur universel (1852, 20, 21 et 27 octobre ; 1854, 12 et 29 avril et 6 mai) et qui n’ont pas été groupées en un volume. Tandis que le nom de Beulé est abondamment cité, celui d’About n’y figure pas.