Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/790

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La garantie sera répartie entre elles. Au moment opportun, un emprunt commun sera émis, par parties égales, chez les trois alliés, pour rembourser les avances déjà faites ou à faire à ces petits pays.


II. — FRANCE

Au début, la France dépensait pour la guerre 1 200 millions par mois, près de 15 milliards par an. D’après les dernières déclarations de M. Ribot, il semble que le chiffre mensuel approche maintenant de 1 500 millions. Elle a, pour y faire face, deux ordres de ressources : les avances consenties par la Banque de France et le produit des emprunts émis directement par le Trésor.

Rappelons d’abord ce qu’était notre budget à la veille des événemens. Depuis plusieurs années, il avait grossi rapidement, sous l’influence de trois causes principales : la multiplication des fonctionnaires, les lois sociales, les dépenses militaires. Jusque dans les derniers temps, celles-ci n’avaient représenté que le moindre des trois facteurs. Après le vote de la loi instituant le service de trois ans, en 1913, il fallut se préoccuper de trouver des ressources. Le Parlement créa quelques taxes nouvelles, parmi lesquelles un impôt spécial sur les coupons des fonds étrangers, vota un impôt général sur le revenu, qui n’a pu encore être appliqué, et enfin, à la dernière heure, un emprunt de 800 millions effectifs, qui fut émis le 7 juillet 1914, trois semaines avant l’agression allemande. Les fonds procurés par cette opération devaient couvrir une partie des dépenses non renouvelables résultant de notre réorganisation militaire : augmentation des casernemens, des arméniens, des approvisionnemens de toute nature. Le budget de 1914 se présentait avec un total de 5 090 millions de francs : en bonne comptabilité, il eût fallu y faire entrer 617 millions de dépenses de la Défense nationale, armée et marine, et 212 millions de frais de l’occupation du Maroc, qui, depuis plusieurs années, avaient donné lieu à l’ouverture d’un compte spécial. En réalité, le total des charges approchait de 6 milliards.

Les crédits ouverts au ministre des Finances depuis le 1er août jusqu’au 31 décembre 1914, par décrets en Conseil d’État ratifiés ensuite par les Chambres, durant leur courte