trouvaient, ainsi que lord Ponsonby, arrivé justement de Bruxelles. C’est lui qui, après boire, écrivit le mois dernier cette lettre cause de tant de tapage dans les journaux. Il divulguait l’accord qui s’était fait entre les chancelleries, mais qu’elles tenaient soigneusement secret, sur la non-réunion du Luxembourg à la Belgique en vue de former l’apanage du prince Léopold ; cette indiscrétion remit en cause l’élection du prince qui, la veille encore, paraissait décidée.
Une autre célébrité de Londres, habituée du salon de lady Rolland est lord John Russel, deuxième fils du duc de Bedford. Il est petit, maigre, de figure spirituelle ; le sujet de conversation obligé avec lui a été le bill de réforme, dont il est l’auteur. La Reine a bientôt demandé à passer chez lord Holland, toujours impotent et goutteux, mais qui captive son auditoire par la clarté de sa parole et la force de ses idées. Il a parlé des espérances de dom Pedro et des agitations politiques françaises. La Reine, tout en louant Louis-Philippe et les siens, s’est plainte des accusations injustes que les journaux ministériels dirigent contre les Bonaparte. Lord Holland a changé aussitôt l’entretien.
Jeudi 30 juin 1831.
Lundi, notre voyage de Londres à Wooburn-Abbey s’est fait le plus lestement du monde, quarante-deux milles en trois heures et demie : on ne peut être mieux mené. La nouvelle voiture de la Reine a des ressorts excellens, et l’on y tient très bien trois ; mais le Prince, par peur de gêner, sa mère ou moi, nous mettait au supplice en se pelotonnant au bord de la banquette entre nous deux.
Il avait emporté des journaux, qu’il feuilletait tout le long de la route, et, pour me mettre à demi dans sa lecture, me posait à haute voix les questions qui se présentaient à son esprit. « Mademoiselle Masuyer, quelles raisons le roi des Français a-t-il d’écrire à l’empereur d’Autriche pour lui demander la grâce de Zucchi ? .. Mademoiselle Masuyer, pouvez-vous me dire si la mort de Diebitch changera quelque chose aux affaires des Polonais ? Diebitch était un ivrogne, vous savez. » Le concours ouvert par le gouvernement français pour la nouvelle statue à placer sur la colonne de la place Vendôme a prêté à de longues discussions.