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tarderont pas à disparaître, la flotte italienne l’emporte encore sensiblement en nombre et en puissance sur leur escadre de ligne. Ils attendront, comme le font les Allemands dans la mer du Nord, que leurs sous-marins et leurs mines automatiques aient rétabli à leur profit un certain équilibre des forces en présence.

En attendant, les Italiens se sont attachés à détruire tous les organes de communications, sémaphores, vigie, postes de T. S. F. câbles sous-marins, etc., des îles du littoral Dalmate et il ne semble pas que ces opérations, qui supposent la fréquentation des eaux territoriales, aient révélé la présence de mines sous-marines. Ils ont pris possession de l’île de Lissa, excellente position centrale que nous avions occupée, puis abandonnée, alors qu’elle eût pu nous donner une bonne base de sous-marins et d’aéroplanes ; enfin ils ont bombardé et gravement endommagé la voie ferrée Dalmate qui, partant de Raguse et courant le long de la mer dans la baie du « vieux Raguse, » s’enfonce ensuite dans le val Suttorina et aboutit à Castelnuovo, dans les Bouches de Cattaro. Or Castelnuovo di Cattaro n’est autre que la base secondaire des torpilleurs et sous-marins autrichiens. C’est de là que partirent les U5 et U6 qui torpillèrent le Jean-Bart et le Léon-Gambetta. Il suffit de jeter les yeux sur une carte du littoral Illyrien, de l’Herzégovine et du Monténégro pour reconnaître que le chemin de fer dont il s’agit est la seule ligne de communications de cette forte position des Bouches de Cattaro avec l’Hinterland austro-hongrois, avec Raguse, Sebenico, Fiume, Pola. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de dire que c’était par le val Suttorina qu’il fallait attaquer Cattaro. Comment, après plus de neuf mois d’opérations dans l’Adriatique, notre marine n’avait-elle pas détruit la ligne en question, c’est ce que je ne me charge pas d’expliquer. Elle a eu sans doute ses raisons, que nous connaîtrons plus tard ; et dans l’incertitude où nous restons des véritables motifs d’une inertie apparente, comparable à celle des « Home fleets, » abstenons-nous de porter un jugement. Les opérations de la flotte italienne nous fourniront peut-être d’intéressantes indications sur ce qu’aurait pu faire la nôtre.

On a supposé que cette dernière force navale, ou du moins une de ses escadres, — celle des « pré-dreadnoughts » du type Patrie, — pourrait être appelée à renforcer la flotte anglo-française qui opère dans la mer Egée. Certaines mesures, prises