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LA QUESTION DU BLÉ ET DE LA VIANDE

L’INTERVENTION DE L’ÉTAT
ET
LA FIXATION ARBITRAIRE DES PRIX

Tout le monde comprend ou devine aisément l’importance du problème de l’alimentation en temps de guerre, et nous parlons ici de l’alimentation de la population civile aussi bien que de la nourriture des troupes. Il importe qu’aux souffrances morales, épreuves cruelles si vaillamment supportées, ne viennent pas se joindre les souffrances physiques résultant de la disette. Après un an de guerre, alors que nos campagnes sont en partie privées des bras robustes capables de les cultiver, nos ressources alimentaires restent-elles suffisantes ? C’est le problème que nous posions ici même, il y a plus de six mois, en parlant de la production agricole future, celle de 1915[1]. Jamais nous n’avons douté de l’avenir et manifesté quelque crainte au sujet des récoltes. Notre conclusion était la suivante :

« Nous avons confiance dans l’invincible énergie de la population rurale. D’un bout à l’autre du territoire, on fera des efforts qui ressembleront à des miracles, et, de même que la jeunesse partie à la frontière se sera montrée vaillante, de même la famille, gardienne du foyer, se révélera forte, ingénieuse, obstinée. Notre vieux sol a produit des défenseurs. Sous l’effort redoublé de ceux ou de celles qui restent, il produira

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1914.