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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/381

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Avant de les accueillir sans réserves, et surtout avant de pousser un cri d’alarme qui doit retentir fort loin, il convient pourtant de se demander si nos pertes sont aussi grandes, aussi effrayantes qu’on le dit ; il est, enfin, nécessaire de savoir à quelles mesures on peut avoir recours pour parer aux conséquences de la réduction trop rapide de notre troupeau national.


Ce troupeau a-t-il été réellement décimé par les réquisitions militaires et par la consommation civile ? C’est la hausse extraordinaire des prix qui le prouve surabondamment, nous répondra-t-on.

L’argumentation n’est pas décisive, car nous avons vu tout à l’heure que le prix du blé augmentait depuis quatre ou cinq mois sans que notre approvisionnement fût le moins du monde insuffisant. Il faut tenir compte des conditions générales des marchés, du prix fixé pour les réquisitions militaires, et de l’accroissement incontesté de la consommation totale par suite de la distribution de larges rations aux troupes sur le pied de guerre.

Ces rations varient de 500 grammes par tête pour les hommes qui sont sur le front à 400 grammes pour les soldats laissés dans les dépôts. Elles sont supérieures, — on l’affirme et nous l’admettons, — aux poids qu’auraient consommés nos soldats s’ils étaient restés dans les campagnes ou dans les villes comme à l’ordinaire. En un mot, bien qu’il y ait eu un déplacement et non pas exclusivement une augmentation des quantités de viande absorbées, l’accroissement e t certain. Dans un rapport récemment publié à l’Officiel et qui vise la question des viandes, M. Maurice Quentin évalue à un minimum de 170 000 tonnes par an le poids indispensable qui s’ajouterait aujourd’hui à la consommation ordinaire du fait de la distribution aux troupes d’une ration très élevée. Admettons-le encore.

Cette dépense additionnelle ne porte que sur une seule catégorie de viande, celle des bœufs, vaches, taureaux. Voilà ce qu’il faut bien noter, et les variations des prix paraissent le prouver clairement. On a constaté en effet, depuis le mois de