repentir de Sa Solidité Maintenon ; reconnaissons qu’il valait mieux, en effet, « reprendre l’établissement par ses fondemens et le bâtir sur l’humilité et la simplicité ; » avouons que tout fut pour le bien dans un Saint-Cyr mieux clos, plus modeste et plus discipliné ; mais ne regrettons point l’heureuse imprudence qui nous valut le premier Saint-Cyr…
Il faut penser que les extravagances de Mme de la Maisonfort ne paraissaient point si condamnables, ni son influence si pernicieuse, car elle jouissait alors, à Saint-Cyr, d’une faveur exceptionnelle. En récompense des services qu’elle rendait dans les classes, le Roi lui fit donner une terre de mille écus de revenu. Elle vivait avec Mme de Maintenon dans la plus grande familiarité ; elle était dirigée par l’abbé de Fénelon, qui voyait en elle une nature d’élite ; elle n’appartenait pas à la maison, mais elle en était l’ornement et la grâce. Elle plaisait à tous ; elle était aimée ; de ces privilèges elle ne tirait pourtant aucune vanité, et l’on eût dit parfois qu’elle n’aimait que Dieu seul. À cette époque, paraît-il, de grands partis se présentèrent pour elle. Elle les refusa. Attachement à Saint-Cyr, plus profond qu’elle ne le croyait elle-même ; incertitude de cœur, appel secret vers une destinée plus haute : qui pourrait le dire ? Quatre ans plus tôt, la jeune chanoinesse arrivait à Paris avec des vues tout humaines. Il semble qu’une inquiétude plus noble ait pénétré dans cette âme. Elle écarte maintenant la fortune qu’elle était venue chercher. Elle n’a pas vécu dans le monde, mais elle en a respiré le parfum ; c’est assez, peut-être, pour qu’elle éprouve déjà la satiété rapide des imaginations très vives. À cette minute, il y a comme un silence dans ce beau ciel ; on voit une vie qui hésite à prendre son vol, et qui tremble de désir au bord de l’espace.
Cela suffit, il me semble, pour excuser Mme de Maintenon de lui avoir fait doucement violence. Sans doute, elle suivait ses vues ; sans doute, il y avait, dans ses cajoleries à l’endroit de la chanoinesse, l’arrière-pensée obstinée de l’attacher à Saint-Cyr par la profession de vie religieuse. Elle continuait de « lui en jeter des paroles selon les occasions » et de « la faire sonder par des personnes de confiance. » Lisons même entre les lignes, et ajoutons qu’elle chargeait l’abbé de Fénelon d’insinuer dans