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thermodynamique. En fait, comme l’a dit un bon juge, lord Kelvin, dans toute l’étendue du domaine des sciences, il n’y a rien de plus grand que l’œuvre de Sadi Carnot. Il faut dans ce domaine placer très haut Joule, Clausius et Helmholtz, mais Carnot les domine tous.

En optique, Young et surtout Fresnel développent avec éclat l’optique ondulatoire entrevue par Huyghens. Quel merveilleux chapitre de la physique que celui de l’optique des interférences et de la polarisation, où tant de physiciens français et anglais ont fait, après Fresnel, de si remarquables découvertes ! En Allemagne, nous pouvons citer ici Kirchoff dont le nom est attaché à l’analyse spectrale et à l’étude des lois du rayonnement.

Dans l’histoire de l’électricité, l’Italie, la France, l’Angleterre tiennent le premier rang avec Volta construisant la pile électrique, avec Ampère trouvant les lois de l’action des courans sur les courans, avec Faraday découvrant l’induction électrique. Plus récemment, le génie de Maxwell fonde l’électro-optique ; grâce à lui, les phénomènes électriques et les phénomènes lumineux ne nous apparaissent plus comme deux mondes distincts. Dans l’étude des nouveaux rayonnemens, rayons cathodiques, rayons de Becquerel et autres, la part des physiciens anglais et français est prépondérante. La découverte du radium par Curie nous a montré la matière dans des conditions d’instabilité jusque-là insoupçonnées. Seul le chapitre des rayons X ou rayons de Röntgen fut ouvert en Allemagne.

Dans la fondation de la chimie moderne, Lavoisier occupe une place à part. Un grand nombre de faits avaient été accumulés depuis un siècle, et la découverte des principaux gaz, hydrogène, oxygène, azote, chlore, venait d’être effectuée par les Anglais Cavendish et Priestley, et le Suédois Scheele ; Lavoisier prend tous ces résultats antérieurs comme point de départ de ses expériences et, en les interprétant convenablement, il constitue la chimie moderne. Sa manière d’envisager la combustion en général constitue une véritable révolution scientifique. Après lui, Dalton, Humphry Davy, Berzelius, Gay-Lussac, Dumas, Gerhardt ont été de grands créateurs. Aux Allemands Richter et Wenzel se rattache la doctrine des équivalens chimiques, tandis que la théorie atomique proprement dite, dont la fécondité est si grande, trouve son origine dans