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l’exemple de l’Clster pour soutenir que leur attitude était constitutionnelle.

Le gouvernement était désireux d’éviter la guerre civile menaçante. Pour couper court aux objections auxquelles donnait lieu l’expédition contre l’Afrique Occidentale allemande, le général Botha, par une décision hardie, annonça que cette entreprise serait exécutée par une armée de volontaires dont il prendrait lui-même le commandement. Il obligeait ainsi les rebelles à se déclarer ouvertement, et il arrêtait sur la pente de la révolte bien des Hollandais loyalistes ébranlés.

Dès le lendemain de la trahison déclarée de Maritz, le général Botha avait demandé au président Steyn, qui vivait dans la retraite depuis 1902, mais jouissait toujours d’un grand prestige sur l’élément réactionnaire, de faire connaître son sentiment : « Une parole de vous, lui disait-il, aura de grandes conséquences. » Mais Steyn refusa de se prononcer publiquement : il désapprouvait la campagne contre l’Afrique Occidentale allemande ; s’il parlait, il devrait faire connaître son opinion sur ce sujet ; mieux valait se taire. Cependant, il se déclarait prêt à employer son influence pour calmer le sentiment public surexcité. Tandis que Beyers et Wet recrutaient des adhérens, les troupes gouvernementales se contentaient de les surveiller, pendant que se poursuivaient les négociations entre le gouvernement et les chefs de la révolte, par l’intermédiaire du président Steyn.

Un homme eût pu beaucoup pour ramener les esprits : Hertzog. Mais lui aussi se refusa à répudier publiquement l’action de Maritz ; il se contenta d’offrir ses services, s’il pouvait être utile pour amener un accord. Deux tiers de la population de l’Etat libre, un tiers de celle du Transvaal, tous les districts de l’Ouest, étaient prêts à s’engager dans la rébellion. Trois membres du Parlement prirent les armes ; des « predikans » furent parmi les recruteurs les plus ardens. A un moment, les chefs rebelles disposèrent d’une dizaine de mille hommes. Le 31 octobre, Christian de Wet déclarait qu’il était décidé à combattre, à moins que le gouvernement démissionnât et retirât les troupes qui occupaient déjà Luderitzbuch. La lutte était inévitable. Les Boers loyaux furent convoqués en commandos : ils répondirent avec empressement ; le gouvernement réunit une trentaine de mille hommes. Le 9 décembre, le général Beyers,