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Génie du Christianisme, il est bien question parfois de l’Italie et de ses artistes, mais on devine sans peine que l’auteur ne les a pas vus. Il le reconnaît- de bonne grâce dans une note des Voyages, où il avoue que, n’ayant visité ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Egypte, tout ce qu’il a dit jusqu’alors des arts est « étriqué et souvent faux. »

En.1802, il avait fait en bateau la descente du Rhône. Après un arrêt à Tain, où il termina un article par une image que lui inspirèrent les deux tours qui dominent Tournon, il débarqua sur le quai d’Avignon et eut le juste pressentiment d’entrevoir la terre latine. « Les voyages transalpins, déclare-t-il, commençaient autrefois par Avignon ; c’était l’entrée de l’Italie. » Il alla jusqu’à Vaucluse, en souvenir de Pétrarque, et cueillit, au bord de la Fontaine, des bruyères parfumées et la première olive que portait un jeune olivier.

L’année suivante, Bonaparte le nommait secrétaire d’ambassade à Rome, auprès de son oncle, le cardinal Fesch. Je ne rappelle ni les raisons de cette nomination, ni les incidens qui marquèrent son séjour au Vatican, voulant seulement évoquer ici le voyageur.


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Ce n’est pas dans les Mémoires d’outre-tombe qu’il faut chercher ses premières sensations d’Italie, mais dans le volume des Voyages et dans quelques lettres ultérieurement publiées. C’est ainsi que, le 8 juin 1803, de Lyon, il donne à son ami Chênedollé quelques renseignemens matériels. « Le voyage d’Italie est très peu cher. Il y a d’ici à Florence une diligence qui passe par Milan et qui vous rendra à Florence pour cinq louis ! On se charge de vos bagages et on est, dit-on, parfaitement traité. De Florence à Rome, on trouve des cabriolets qui vous mènent en deux ou trois jours à Rome à un prix très modique. De sorte que vous arrivez au Capitole pour dix louis au plus. »

Le passage du Mont-Genis lui causa un certain désenchantement. « Je m’attendais, je ne sais pourquoi, à découvrir les plaines de l’Italie : je ne vis qu’un gouffre noir et profond, qu’un chaos de torrens et de précipices. » Les environs de Turin le déçoivent aussi et lui produisent l’inexplicable impression qu’ « on peut se croire en Normandie, aux montagnes près. «