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scintillante d’un avenir doré. Mais en l’élevant entre les arcs de triomphe de l’Est et de l’Ouest, à l’extrémité de la Cour de l’Univers, elle se garde bien de faire pour elle seule, égoïstement, le rêve splendide. Ce n’est pas pour les États-Unis, c’est pour toutes les nations qu’elle noue la ceinture de pierreries autour du Globe du monde, couronne et sommet de la Tour des Joyaux.


II

Pour qu’une pareille pensée pût s’exprimer dans toute sa force, ce n’était pas assez qu’une République fédérale réunît ici, de palais en palais, ses quarante-huit États, et d’État en État les résultats de son effort pacifique : il convenait qu’à son appel amical, les autres nations répondissent : celles, surtout, qui, par leurs découvertes, leur civilisation et leur sang, avaient aidé puissamment les États-Unis dans leur marche vers l’indépendance nationale, l’expansion territoriale, le développement économique et moral. Aussi, dès qu’à la fin de 1911, un Comité local composé de notabilités américaines et présidé par un grand ami de la France, le banquier Crocker, eut lancé l’idée de célébrer, à San Francisco, l’achèvement du canal par une Exposition, et qu’une loi du 15 février 1911 eut donné à ce grand projet la sanction fédérale, le gouvernement des États-Unis ouvrit des négociations en vue de la coopération à l’Exposition des différentes nations. Mais, ici, de multiples obstacles se présentèrent.

De nombreuses Puissances industrielles, l’Angleterre, l’Allemagne, d’autres encore, se plaignaient que, dans les Expositions américaines, si les dessins et modèles ne pouvaient être reproduits, les objets fabriqués, d’après ces dessins et ces modèles, pouvaient être directement copiés. De plus, la sévérité des taxes américaines, les procédés vexatoires de la Douane aux États-Unis, ses indiscrètes enquêtes en pays étranger inquiétaient le commerce, mécontentaient l’industrie, bref les détournaient l’un et l’autre de toute participation à une exposition que boudait la mauvaise humeur des intérêts particuliers. L’Italie, le Japon donnaient assez promptement leur adhésion ; l’Allemagne, l’Angleterre, examinaient plus lentement la question. La France, dont le gouvernement avait accueilli avec