que le bon vouloir qu’elles exprimaient restait à la merci d’un changement d’humeur du chancelier et d’incidens imprévus :
— Nous voulons la paix, avouait-il à son confident Maurice Busch, mais la paix après avoir ceint notre armure et chargé notre revolver.
Ces incidens n’allaient pas tarder à se produire et à ébranler l’espoir qu’avait conçu le gouvernement français de voir durer et s’accentuer l’amélioration déjà constatée de ses rapports avec le Cabinet de Berlin.
Dans un ouvrage magistral, dont les lecteurs de la Revue ont eu la primeur, M. Georges Goyau a dressé le tableau des difficultés intérieures au milieu desquelles se débattait à cette époque le prince de Bismarck, ce qui nous autorise à ne pas nous étendre sur les causes de la crise parlementaire qui, à la fin de l’année 1886, eut brusquement sa répercussion sur les relations de l’Allemagne avec la France et fit succéder une période d’orages à une période de calme et d’apaisement. Nous n’en retiendrons que ce qui est nécessaire à l’intelligence et à l’intérêt de cette étude.
Le 25 novembre, le chancelier avait soumis à l’approbation du Reichstag une loi militaire qui n’était que la reproduction de celles qui avaient été votées relativement au même objet, en 1874 et en 1880. Elle maintenait pour une nouvelle durée de sept ans les dispositions des deux précédentes. Celles-ci avaient été votées, malgré l’opposition du parti du Centre, autrement dit, le parti catholique qui ne pardonnait pas à Bismarck sa politique persécutrice, bien qu’il fût en train d’en réparer les effets, et qui saisissait toutes les occasions pour faire obstacle à ses desseins. A deux reprises le chancelier avait eu raison de cette résistance, et la loi militaire dont il demandait le renouvellement fonctionnait depuis quatorze ans. Mais, cette fois, l’opposition était plus forte qu’antérieurement. Le pointage des voix fait par avance dans les bureaux de la chancellerie impériale démontrait que la majorité était acquise au rejet de la proposition gouvernementale. Un amendement déposé par les membres du Centre prétendait ne l’accepter que pour trois ans au lieu de sept. Le Reichstag s’était divisé en deux camps : d’un côté les partisans du septennat, de l’autre ceux du triennat, et c’est à ceux-ci que semblait réservée la victoire.
Après s’être vainement efforcé de gagner assez de suffrages